Grève chez Total et Exxon contre les « salaires dégueulasses »

Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), reportage

Le Havre. En ville, les stations à essence indiquent les chiffres 0.0.0.0 sur leur tableau d’affichage des prix, signe qu’il n’y a plus de carburant disponible. Au loin, les immenses torchères de la raffinerie de TotalÉnergies continuent pourtant de fonctionner, répandant leur odeur d’essence lorsque le vent tourne. Mais voilà maintenant plus de quinze jours que pas le moindre baril de carburant ne sort de l’usine, en raison du mouvement de grève des ouvriers de la pétrochimie. La fronde a commencé il y a plus de trois semaines, chez les salariés du groupe Esso-ExxonMobil Normandie, à la raffinerie de Port-Jérôme-sur-Seine, à quelques kilomètres de là.

Mardi 11 octobre, c’est ici que se tient le piquet de grève qui rassemble essentiellement des raffineurs d’ExxonMobil et de TotalÉnergies, mais aussi quelques salariés du groupe Chevron, et de Hutchinson, une filiale de TotalÉnergies. Une cinquantaine de grévistes sont présents. Ils se sont réunis pour « sortir du cadre de l’entreprise et montrer la force des travailleurs unis. Exxon, Total, ce sont les mêmes boîtes, les mêmes problèmes de salaires et de maintenance », pointe Alexis Antonioli, secrétaire général de la CGT TotalÉnergies. Deux députés de La France insoumise (LFI) sont également présents au rassemblement : Thomas Portes, élu de Seine-Saint-Denis, et Alma Dufour, élue de la 4e circonscription de Seine-Maritime.

Indexer les salaires sur l’inflation

Pour les salariés des deux géants pétroliers, « ce qui a allumé la mèche, c’est l’inflation ». Les grévistes revendiquent la réindexation des salaires sur l’inflation. Ils réclament une augmentation de 7,5 % chez ExxonMobil et de 10 % chez TotalÉnergies. « Le cœur de la contestation, c’est que la direction nous a d’abord proposé une augmentation de seulement 4 % pour l’année prochaine, alors que l’inflation est déjà de 7 % en 2022. C’est acter le recul de notre pouvoir d’achat », déplore le très médiatique Germinal Lancelin, opérateur de pétrochimie et secrétaire général de la CGT ExxonMobil. Pour lui, cette proposition tenait de la provocation.

Dans le but d’apaiser la situation, la direction a fini par proposer « une enveloppe salariale de 6,5 % en 2023 accompagnée d’une prime de partage de la valeur de 3 000 », comme elle l’indique dans un communiqué de presse du 10 septembre. Mais cela ne satisfait pas les revendications des grévistes d’Exxon, qui jugent que…

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Auteur: Scandola Graziani Reporterre