Grève de la faim de Cesare Battisti : fin du silence de mort ?

Ce lundi 21 juin, Cesare Battisti devrait entrer dans le 19e jour de sa grève de la faim et des soins, qu’il a annoncé vouloir mener « jusqu’au bout ». Ce qui sous-entend : soit l’application du régime de détention normal qu’il réclame et auquel il a droit depuis deux ans, soit la mort.

Cesare a non seulement cessé de s’alimenter mais il a interrompu la thérapie antivirale contre l’hépatite B, ce qui, ajouté à la dénutrition, peut avoir de graves conséquences irréversibles. Il aura fallu qu’il mette sa santé et sa vie en jeu pour qu’enfin soit soulevé le couvercle du silence médiatique qui avait suivi son transfert dans une prison calabraise réservée aux détenus djihadistes. Le Nouvel Observateur publie une interview de sa fille Valentine qui lui permet d’exposer pour la première fois dans un média mainstream l’étendue de l’arbitraire juridique qui le frappe et la cruauté de l’acharnement étatique.

En Italie, Mattia Feltri, directeur du Huffington Post Italia, éditorialiste de la première page de la Stampa, pas vraiment un gauchiste déchaîné mais plutôt un libéral à l’ancienne, écrit dans le numéro de hier, un billet titré « Les Braconniers » :

« Cesare Battisti, proie dont les ministres d’alors Alfonso Bonafede et Matteo Salvini se firent une photo-souvenir comme des braconniers posant leurs bottes sur un lion pelé, est en grève de la faim depuis onze jours et promet de continuer jusqu’à la mort. Depuis deux ans, Battisti est détenu sous un régime de haute surveillance, c’est-à-dire de fait à l’isolement (actuellement il a été transféré dans la prison de Rossano Calabro, dans la section réservée aux terroristes islamistes) toute activité lui est refusée, l’heure de promenade lui est interdite. Depuis deux ans, dit son avocat, il devrait passer au régime ordinaire, mais personne ne s’en occupe. Depuis deux ans, contre la loi et contre la logique, l’Etat italien ne semble pas avoir une urgence de justice mais bien une urgence de vengeance. Rien ne justifie la haute surveillance pour un homme presque septuagénaire condamné à la perpétuité pour homicides commis il y a plus de quatre décennies, mais invoquer un traitement juste et digne pour un homme détesté de tous, j’imagine que c’est un peu trop ambitieux, car, comme on sait, la Constitution comprend des droits à garantir à quiconque, mais nous, nous préférons les garantir à qui nous est sympathique. La Constitution nous plaît ainsi, à la demande. Je repense à toutes les paroles…

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Auteur: lundimatin