Grève des sans-papiers de La Poste : « Des gens avec des papiers ne feraient jamais ce travail »

 

Depuis deux semaines, 70 travailleurs sans-papiers de l’entrepôt DPD de l’Essonne sont en grève. Ils dénoncent les conditions de travail insoutenables imposées par cette filiale du groupe La Poste, et demandent leur régularisation. Création de filiale, sous-traitance en cascade, intérim… Leur action met en lumière le montage administratif qui permet l’exploitation des personnes sans-papiers dans les centres de tri de La Poste, tout en diluant les responsabilités. Reportage.

 

À deux pas de l’autoroute du soleil, dans la ZAC de Coudray-Montceaux (Essonne), l’entrepôt flambant neuf du groupe DPD, filiale de La Poste, est un hub stratégique. Une vidéo promotionnelle – où l’usine de 25 000 m2 apparaît vide de ses travailleurs – vante ses performances : 20 000 colis triés par heure, 495 caméras de surveillance, et un « système de cross-belt haute cadence ». Une belle vitrine, qui ne cache plus les conditions de travail que l’entreprise inflige à ceux qu’elle emploie, depuis que ces derniers ont décidé de les dénoncer sur un piquet de grève.

Sur les 400 salariés du centre de tri de DPD, près de 180 seraient sans-papiers, selon le Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry-sur-Seine (CTSPV 94). Le 15 novembre, ils sont près de 70 à rentrer en grève illimitée. Un premier piquet se tient dans l’enceinte de l’entreprise. Au même moment, un second piquet se monte de l’autre côté des grilles, à l’entrée du site. Au-delà du CTSPV 94, plusieurs syndicats (Sud PTT, Solidaires, CNT…) soutiennent le mouvement.

Ce 30 novembre, en fin d’après-midi, une décision du tribunal administratif contraint les grévistes à abandonner le piquet intérieur. DPD France les avait assignés en référé le 26 novembre. Une astreinte de 50 euros par heure et par personne a été prononcée par le tribunal. Depuis lors, les grévistes ont décidé de rejoindre le piquet extérieur.

« Nous sommes tous sans-papiers. Et on est là parce qu’on veut des papiers », lance un jeune homme, engoncé dans sa capuche pour combattre le froid, qui travaille depuis quatre mois ici. Leur revendication est simple : la régularisation. Tous dénoncent des conditions de travail intenables, imposés par leur employeur, Derichebourg Interim, partenaire de DPD. Une exploitation facilitée par leur double statut précaire d’intérimaire et de sans-papiers.

 

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Au DPD de Coudray-Montceaux, les cadences sont infernales. Les tâches sont de trois…

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Auteur: Maïa Courtois