Grippe aviaire : 16 millions de bêtes abattues, des éleveurs au RSA

Trois semaines sans aucun nouvel élevage touché par la grippe aviaire. Les éleveurs et toute la filière volaille soufflent. Ce mercredi 8 juin, le ministère de l’Agriculture a annoncé que l’ensemble de la France repassait en risque « négligeable ». Canards et poulets qui devaient rester claustrés pour éviter les contacts avec les oiseaux sauvages vont pouvoir ressortir. Seuls les départements de Dordogne, Vendée, Maine-et-Loire et Loire-Atlantique, les plus récemment touchés, devront attendre encore un peu.

Mais le calme est relatif, après une tempête dévastatrice. « Le bilan est cataclysmique », estime Barbara Dufour, spécialiste des maladies contagieuses et professeure à l’école vétérinaire d’Alfort. Pour ce quatrième épisode de grippe aviaire en France, 1 378 foyers en élevages ont été recensés et 16 millions de volailles ont dû être abattues. C’est presque trois fois plus de foyers et plus de quatre fois plus de volailles abattues que lors de la crise de l’hiver 2020-2021, déjà considérée comme catastrophique à l’époque.

Surtout, les Pays de la Loire ont été durement touchés pour la première fois. Or c’est de cette région que proviennent près des trois quarts des canetons. Pour en avoir de nouveaux, il faut élever des reproducteurs, créer de nouvelles lignées pour obtenir des canetons. « Il va falloir minimum quinze mois avant de retrouver une situation normale », indique Marie-Pierre Pé, présidente du Cifog, l’interprofession du foie gras. « On estime une baisse des volumes de production de 50 % cette année. » La production de pintades et dindes est également durement touchée.

« Les producteurs jettent l’éponge »

« Cette crise va se répercuter pendant encore près de deux ans à tous les niveaux de la filière », s’inquiète Sylvie Colas, porte-parole de la Confédération paysanne du Gers. « Entre-temps combien d’éleveurs vont disparaître ? » La Confédération paysanne craint que les petits éleveurs soient les premiers touchés, notamment parce qu’ils ont moins la possibilité d’être soutenus par leur banque en attendant les aides de l’État. Dans les Landes, « on constate que les demandes de RSA par les agriculteurs sont en nette progression, et les ventes de sites avicoles explosent », ajoute Christophe Mesplède, du Mouvement de défense des exploitants familiaux du département. « Les producteurs jettent l’éponge. »

« J’ai abattu le dernier canard aujourd’hui [mardi 7 juin], je n’aurai de nouveaux…

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Auteur: Marie Astier Reporterre