Grippe aviaire : des couacs dans la gestion par l'État inquiètent les éleveurs

  • Mugron (Landes), reportage

Cette fois-ci, Serge Mora et son fils Julien n’ont pas pleuré. Claudine, épouse, mère et associée des deux hommes, non plus. L’habitude, sans doute. La première fois, en 2015-2016, Serge et Julien sont ressortis « en larmes » du camion dans lequel ils chargeaient leurs canards malades de l’influenza aviaire. En 2017, le virus était de nouveau passé par Mugron, petit village de la Chalosse, un croissant est-ouest situé dans le centre des Landes, où l’élevage du canard est une tradition bien ancrée. La troisième fois, c’était en janvier 2021.

Ce matin du lundi 12, à l’entrée du chemin cabossé qui mène à leur maison fermière, où ils élèvent et gavent à trois 12.500 canards par an, au milieu des champs argentés par la gelée hivernale, Serge, Julien et Claudine transfèrent leurs canards de la cage de transport attelée au tracteur aux cages en plastique multicolores. Elles seront ensuite chargées dans le camion des services vétérinaires missionnés par l’État.

Les canards sont transportés de leur cage de transport vers les cages du camion.

Les trois éleveurs saisissent les canards par la base de leurs ailes, avec délicatesse, autant qu’il est possible dans une telle situation. Cela permet de montrer l’exemple aux deux employés de C2A, un groupement d’employeurs qui met de la main-d’œuvre à disposition des exploitants agricoles du coin. Pour les deux heures de chargement, ces deux travailleurs roumains, sans équipement spécifique, sont payés par Serge. Les services vétérinaires, avec les combinaisons de sécurité nécessaires, sont censés le faire, mais il a été dit à Serge qu’ils ne pouvaient fournir que le transport des bêtes. Alors il paye pour les voir partir et le priver de travail.

« Cinq ! » « Six ! » « Sept ! » On fait le compte à chaque animal placé dans une cagette. C’est dix par unité. Une fois à l’intérieur, on ne les entend plus…

Auteur: Reporterre
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