Grippe aviaire : éleveurs plein air, ils refusent d'enfermer leurs animaux

Saint-Saturnin-lès-Apt (Vaucluse), reportage

Le visage de Denis Surgey, éleveur de volailles en agriculture biologique dans le sud du Vaucluse, est fermé ce matin du 6 novembre. Sur sa petite exploitation, perdue au milieu de la campagne provençale, poulets et pintades caquettent encore librement sur de larges étendues herbeuses. Peut-être plus pour longtemps. Depuis la veille, et le passage de la France en « risque élevé » de contamination à l’influenza aviaire, aucune volaille d’élevage n’est autorisée en parcours extérieur. Une mesure prise par le ministère de l’Agriculture pour empêcher la propagation du virus. Lors des migrations hivernales de l’avifaune sauvage, le virus peut être transmis aux volailles d’élevage. « Me voilà donc hors la loi », constate amèrement l’éleveur. Pour lui, alors qu’il n’a pas connu un seul cas d’influenza aviaire en cinq ans, aucune dérogation n’est possible. « C’est la première fois que les élevages plein air sont soumis à de telles restrictions », dit-il.

« Jusqu’ici, j’ai suivi toutes les réglementations, tous les besoins en matière de biosécurité », dit l’éleveur. À la demande des autorités, ces cinq dernières années, il a fait installer des sas sanitaires, mis en place un système de collecte des eaux de pluie, et est régulièrement suivi par un vétérinaire agréé et les services de la direction départementale de protection des populations (DDPP). Mais, l’hiver dernier, alors que les services de l’État étaient débordés par l’épizootie, il fut tout de même contraint d’enfermer ses volailles quelques semaines, en attendant l’obtention de sa dérogation. Il en garde un souvenir douloureux : « C’était une catastrophe. Les animaux étaient stressés, ils s’attaquaient entre eux. Il y a même eu du cannibalisme. » Il perdit près de 400 volailles. « Ces conditions de “mise à l’abri” ne répondent ni aux exigences d’une agriculture biologique ni aux exigences de bien-être pour mes animaux », dit-il.

Les volailles de Denis Surgey caquetteront librement en extérieur cet hiver.

Alors, à la publication des trois arrêtés ministériels entre septembre et novembre, c’est la douche froide pour l’éleveur. « Les cahiers des charges bio et plein air imposent 4 m2 minimum par volaille et le ministère veut m’obliger à les enfermer toute la journée, avec un accès extérieur réduit à 0,5 m2 par tête », détaille Denis Surgey. Il lui est également demandé d’éviter…

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Auteur: Quentin Zinzius Reporterre