Grippe aviaire : en Pays basque, des paysans empêchent le « sale boulot » de l'État

Ilharre (Pyrénées-Atlantiques)

« C’est eux ! » Le cri a retenti vers 16 heures ce 2 mars devant la ferme Bidarteberria à Ilharre, au Pays basque nord (sa partie située en France), alors que sur la petite route sinueuse s’avançaient les deux véhicules blancs des services vétérinaires. Après plusieurs heures d’attente, les militants que le syndicat basque ELB, rattaché à la Confédération paysanne, avait appelés à venir pour bloquer l’entrée de la ferme, se sont confrontés aux services venus abattre les canards. « Vous n’en avez pas marre de faire le sale boulot ? » s’insurge une femme derrière la banderole. Face à elle, la responsable vétérinaire de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) menace de prendre des noms et demande à accéder à l’élevage pour procéder à l’abattage. Fin de non recevoir du côté des manifestants. Elle ne passera pas aujourd’hui.

L’épidémie de grippe aviaire se poursuit dans l’Hexagone et avec elle son lot d’élevages décimés soit par le virus, soit par les « abattages préventifs ». Si le département des Landes connaît une accalmie, d’autres départements sont plus touchés tels le Gers ou la Vendée. Dans les Pyrénées-Atlantiques où le blocage a eu lieu, les foyers sont plus épisodiques mais entraînent à chaque fois l’abattage préventif de tous les élevages situés dans un rayon de trois kilomètres, ceux situés en « zone de protection ». C’est ce qui est arrivé pour la ferme Bidarteberria, comme l’explique Patrick Dagorret, paysan membre de ELB et lui-même éleveur : « Il y a eu un cas de grippe aviaire dans un élevage il y a trois semaines à 2,4 kilomètres de la ferme. Avec le protocole sanitaire actuel, on abat tout ce qu’il y a autour dans un rayon de trois kilomètres. »

Le couple Harismendy a échangé avec la responsable des services vétérinaires. © Chloé Rebillard/Reporterre

Un protocole vivement critiqué par les paysans qui font du plein air et produisent parfois en autarcie : dans ce cas, les animaux naissent, vivent et sont abattus au même endroit. C’est le cas de l’élevage des Harismendy ciblé ce 2 mars. « Depuis le début de cette crise, le modèle imposé par les industriels est celui de la claustration. Nous, petits paysans, on n’a pas voulu claustrer. La Vendée, où tous les animaux sont enfermés, nous avait été vendue comme un modèle à suivre. Résultat, en ce moment, c’est là qu’il y a le plus de foyers de maladie ! » s’indigne Agnès…

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Auteur: Chloé Rebillard Reporterre