Grippe aviaire : le risque de pandémie humaine s'accroît

Pneumonie, museau en sang, tremblements, élévation brutale de la mortalité. De drôles de symptômes ont touché les visons d’une exploitation intensive de production de fourrure, début octobre 2022, dans la province espagnole de Galice. Le principal suspect, le Covid-19, a été écarté. C’est un virus bien plus dangereux qui a été détecté : un sous-type de la grippe aviaire, sous sa forme la plus redoutable pour l’humain, le H5N1.

L’événement a de quoi affoler les autorités sanitaires. Jusqu’ici, le virus H5N1 de la grippe aviaire hautement pathogène a très rarement contaminé l’humain depuis sa première identification chez les oies d’un élevage commercial, en 1996, dans le sud de la Chine. En revanche quand il l’a fait — par exemple à Hong Kong en 1997, toujours par contact direct et prolongé avec la volaille —, près de la moitié des personnes en sont mortes. Plus précisément, l’OMS recense 868 cas depuis 2003 dont 53 % mortels. Si ce virus acquérait la capacité à se transmettre durablement, de personne à personne dans la population humaine, il pourrait déclencher une nouvelle pandémie, avec un bilan humain autrement plus élevé que celui que nous avons connu pour le Covid-19.

La communauté scientifique internationale s’accorde pour admettre qu’un pas inquiétant a été franchi dans ce sens, suite à la contamination de l’élevage de visons en Galice. D’abord repérée dans un bâtiment, l’infection s’est peu à peu propagée à l’ensemble de l’élevage, où près de 52 000 animaux vivaient en cage. Une mutation rare du virus H5N1 susceptible de faciliter la transmission entre humains y a été repérée. Le 18 octobre 2022, l’abattage des animaux commençait. Testés négativement, les salariés ne l’avaient heureusement pas encore attrapé. Ils ont été isolés dix jours par précaution. Une chance pour cette fois : le système de surveillance sanitaire a fonctionné.

Plus il contamine, plus le risque grandit pour l’humain

Il n’empêche que l’événement a bel et bien alarmé la communauté scientifique. Alors que c’est assez exceptionnel, la grippe H5N1 s’est transmise entre mammifères. Et surtout, pour la première fois en Europe, ce virus s’est propagé de vison à vison probablement par transmission aéroportée, comme le fait la grippe entre humains. « Ceci est suggéré par le nombre croissant d’animaux infectés identifiés après la confirmation de la maladie et la progression de l’infection de la zone initialement affectée à l’ensemble de l’exploitation », expliquent les auteurs d’un article sur cet élevage paru dans Eurosurveillance, une revue d’épidémiologie.

Or, quand ils sont infectés par une grippe aviaire, les…

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Auteur: Marie Astier Reporterre