Grippe aviaire : les éleveurs choqués par le massacre des poulets

La Ferrière (Vendée), correspondance

Saturation des outils d’équarrissage, manque de vétérinaires, consignes contraires au bien-être animal… Comme nombre de ses pairs, Christian Drouin, éleveur aux Essarts (Vendée) depuis de longues années, a fait les frais d’une gestion de crise en Pays de la Loire jugée « scandaleuse » par la Confédération paysanne. Il a la mine abattue lorsqu’il évoque le passage du virus tant redouté dans son élevage quelques jours plus tôt.

Contraint d’euthanasier ses bêtes, l’éleveur grisonnant explique avoir appelé le référent vétérinaire de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) qui lui a donné pour consigne orale de « couper la ventilation des bâtiments ». « J’ai été obligé de le faire, les poulets pourrissaient depuis 10 ou 12 jours dans le bâtiment », a-t-il raconté, dépité, à l’occasion d’une conférence de presse organisée par la Confédération paysanne à La Ferrière, près de la Roche-sur-Yon le 24 mars.

« Il y a des endroits où on les « finit » à la pince »

« Concrètement, ça veut dire laisser mourir les volailles par asphyxie toute une nuit. Le lendemain, il m’en restait 1 000 encore vivants », sur un total de 18 000. « Il y a des endroits où on les « finit » à la pince », ajoute-t-il en précisant que c’est ce que lui a suggéré le vétérinaire. Mais l’éleveur a insisté, et un médecin est finalement venu euthanasier les volailles restantes avec une seringue. Ensuite, poursuit-il, « avec les voisins, on a ramassé les 18 000 poulets décomposés, et on les a mis dans une fosse dans un champ à côté de chez moi, avant de les recouvrir de chaux. C’est nous qui avons fait tout le sale boulot, pas les services de l’État. Quand j’ai eu fini, j’étais abasourdi. »

Christian Drouin ne cache pas sa colère vis-à-vis de la gestion de cette épidémie. « Tout ce qui les intéresse, c’est de savoir comment la filière va repartir. Je ne pensais pas qu’on pouvait nous prendre pour des moins que rien », confie-t-il à Reporterre après la conférence de presse. Le porte-parole Vendée de la Confédération paysanne, Pascal Sachot, commente : « On ferait tout ça en temps normal, on se prendrait un procès-verbal ! » Selon lui, « on paie le prix d’un an de fuite en avant du modèle productiviste ». En cause : la forte concentration des élevages et la segmentation de la filière qui entraîne de nombreux déplacements de volailles, accroissant le risque de…

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Auteur: Reporterre