Guadeloupe Mai 67. Massacrer et laisser mourir

En Guadeloupe on dit Mé 67. En France métropolitaine, mai nous fait plutôt penser à 1968… C’est bien sur ce décalage, qui n’est pas seulement de l’ordre de la perception, mais bien de la gestion de l’ordre colonial, que revient l’ouvrage qui paraît aujourd’hui, compte-rendu de la recherche historienne et politique sur cet « événement » qui, à coup sûr, s’apparente plus à ce que l’on avait nommé pudiquement les « événements d’Algérie » (qui n’étaient pas la guerre, comme chacun sait), lesquels dataient d’à peine cinq ans auparavant, qu’aux « événements », comme on disait alors, de Mai 68. On compta (bien heureusement) peu de morts lors de ces derniers – même s’il faut toujours se méfier des statistiques officielles. Ce fut loin d’être le cas dans ce « confetti de l’Empire » qu’est la Guadeloupe, « département français » (comme l’Algérie avant l’indépendance). 

Les 26 et 27 mai 1967, les soi-disant « forces de l’ordre » ouvrirent le feu avec leurs armes de guerre sur des foules désarmées qui manifestaient dans les rues de Pointe-à-Pitre. Aujourd’hui, on ne connaît toujours pas précisément le nombre de personnes que tuèrent les gendarmes mobiles durant ces deux journées (à coup de fusils mais aussi à la suite de tabassages extrêmement violents, s’apparentant à des lynchages, commis par ces mêmes détenteurs de la violence légitime). Les chiffres officiels annoncent sept victimes. Des années plus tard, en 1985, un sous-ministre aux DOM-TOM laissera tomber le chiffre de quatre-vingt-sept, dont personne ne semble savoir d’où il le sortait… Comme le dit Jean-Pierre Sainton, « il est fort probable que le chiffre précis des morts de 1967 ne sera jamais connu avec certitude [mais] il serait indécent de vouloir retenir une fourchette approximative de sept à quatre-vingt-sept ».

Personnellement impliqué à divers titres dans cette histoire,…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: dev