Guantanamo en Calabre

Le texte qui suit, traduit par nos soins, est un document historique d’importance. Il a été écrit par Cesare Battisti en réponse à un questionnaire envoyé par deux journalistes accrédités auprès des bureaux de l’Onu à Genève. Il devrait intéresser aussi bien les historiens que toute personne éprise de liberté et/ou de vérité historique. Sur les circonstances de sa fuite du Brésil, sur la trahison du gouvernement d’Evo Moralès qui l’a livré aux agents des services italiens, sur sa correspondance avec Alberto Torreggiani, sur ses tentatives de reddition à la justice italienne, il fait de surprenantes révélations.

Tout cela ne devrait pas manquer d’intéresser des journalistes qu’on découvre avec plaisir ces derniers temps si soucieux de faire leur travail – et peut-être même ceux qui, de la droite à la gauche, participèrent à la traque médiatico-judiciaire et la « monstrification » de Battisti. Sur son rapport au passé de la lutte armée et ses déclarations à la justice, Cesare s’exprime aussi sans auto-indulgence et en incitant à un retour critique sur les années dites de plomb. Mais sans renier non plus l’espoir révolutionnaire qui l’a porté dans sa jeunesse. Cela ne manquera pas d’intéresser aussi ceux qui, comme nous, ne se satisfont pas de notre meilleur des mondes.

Fin novembre, les Editions du Seuil ont dû envoyer à la direction de sa prison calabraise une lettre certifiant qu’il s’agit bien d’un écrivain qui a publié en France et ailleurs et qu’il a besoin d’un ordinateur pour continuer à exercer sa profession, deux réalités que l’administration nie : on voit à quel degré d’absurdité conduit le révisionnisme historique qui a présidé à la chasse internationale au Battisti. Dans les deux premiers paragraphes de son texte, Cesare revient sur ce refus, et sur ses assez épouvantables conditions de détention. Les personnes qui ont suivi l’affaire à travers des…

Auteur: lundimatin
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