Guerre en Ukraine : des ONG dénoncent le lobbying de l'agriculture intensive

Alors que la guerre en Ukraine s’intensifie, la bataille continue de faire rage entre les partisans d’une agriculture productiviste et les défenseurs d’un modèle agricole plus respectueux de l’environnement. Jeudi 10 mars 2022, vingt-six organisations environnementales, citoyennes et paysannes ont envoyé une lettre ouverte au président de la République Emmanuel Macron et au ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, dans laquelle elles dénoncent « l’instrumentalisation de la guerre en Ukraine par les tenants d’une agriculture productiviste ».

« Face à cette situation, il n’aura fallu que quelques jours pour que les porte-étendards de l’agriculture industrielle s’engouffrent dans la brèche créée par la guerre pour tenter de réduire la portée de la stratégie “De la ferme à la fourchette”, volet agricole du Green Deal, portée par la Commission européenne », accusent-elles. Cette feuille de route prévoit entre autres une réduction de 20 % de l’utilisation d’engrais et de 50 % des pesticides d’ici 2030, ainsi que 25 % des surfaces agricoles cultivées en bio et 4 % des terres laissées en jachère pour la biodiversité à cette même échéance. Dès le 28 février, la FNSEA a appelé à l’abandon de cette stratégie, la qualifiant de “décroissante”, et défendu une “libération de la production” pour pouvoir nourrir les peuples qui auront faim, en conséquence de la guerre en Ukraine. Or, il faut casser un mythe : en dehors des contextes d’urgence humanitaire, la faim n’est pas une question de production mais de répartition. Un tiers des productions mondiales sont gaspillées. »

Lire aussi : L’Ukraine, nouvel alibi de l’agriculture productiviste

Pour ces organisations, « en Europe, c’est tout notre modèle productiviste qui est remis en cause par la situation internationale ». « Notre agriculture est en effet dépendante des engrais et des pesticides fabriqués à partir de gaz. Elle dépend également du pétrole pour ses machines. Gaz et pétrole, deux énergies fossiles importées en partie de Russie et dont les cours ont fortement augmenté, lit-on dans leur lettre. Est-il responsable d’appeler à une croissance de la production quand celle-ci dépend fondamentalement d’intrants fossiles importés, néfastes pour la planète comme pour notre souveraineté alimentaire ? »

À l’inverse, pour faire face aux difficultés d’approvisionnement et au risque de crises alimentaires en lien avec la guerre en Ukraine, elles recommandent le…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre