Guerre en Ukraine : « La ligne de front ressemble à la surface de la Lune »

Yehor Hrynyk est biologiste et membre du groupe ukrainien de conservation de la nature, une association composée d’activistes et de scientifiques qui militent en faveur de l’environnement et pour la défense des forêts anciennes en Ukraine.

Reporterre — Où en est le mouvement écologiste en Ukraine ? Arrive-t-il à survivre malgré la guerre ?

Yehor Hrynyk — Avant le conflit, nous étions déjà peu nombreux et nous affrontions un pouvoir peu sensible à ces questions. Les autorités ukrainiennes sont « probusiness » et la corruption endémique qui frappe le pays n’a jamais aidé à améliorer les choses. La situation s’est évidemment aggravée avec la guerre. Une partie des militants écologistes, en majorité des femmes, ont fui le pays en partant à l’étranger et certains des hommes sont allés au front. Plusieurs militants se sont engagés dans l’armée et ne peuvent plus exercer leurs anciennes activités pour protéger l’environnement. Et avec le conflit, il est très difficile de critiquer le pouvoir. Une chape de plomb a recouvert le pays.

Nos efforts sont concentrés vers la guerre, dans l’objectif de contrer l’invasion russe. Face à l’urgence, les organisations écologistes se sont reconverties dans l’aide humanitaire, l’accueil des réfugiés ou le soutien à la défense militaire et civile. Les savoir-faire et les capacités de mobilisation de nos organisations ont été mis à profit. Nous devons mettre fin à la guerre et remporter la victoire.

Comment vivez-vous cette période ?

Les débuts de la guerre ont été très difficiles, même si l’on se préparait mentalement à la possibilité d’un conflit. L’organisation de nos collectifs et associations a été bouleversée. Avec ma famille, nous nous sommes réfugiés chez des camarades dans l’ouest de l’Ukraine, engagés comme nous dans la défense des forêts. Ils nous ont abrités pendant plusieurs semaines. Nous avons vécu à distance, dans un état de sidération, les premiers affrontements et bombardements russes. J’ai ensuite suivi une formation militaire pendant deux mois à Lviv, avant de reprendre mon activisme en faveur de l’écologie. Je crois être plus utile ainsi, en continuant à pratiquer ce que je sais faire. Je viens de retourner à Kiev et avec mes collègues, nous tentons d’interpeller la communauté internationale pour qu’ils renforcent les sanctions à l’encontre de la Russie. Nous recensons aussi les nombreuses atteintes à l’environnement — les incendies de forêt, les pollutions de rivières,…

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Auteur: Gaspard d’Allens Reporterre