Guerre généralisée au vivant et biotechnologies [1/4]

Chimère humain-porc, clonage humain, souche militarisée, virus à gain de fonction, vaccin codant, ciseaux moléculaires, etc. Il est temps de s’attaquer franchement à tous les petits monstres de la biologie moderne et de comprendre en quoi cette discipline est un des fronts de conquête les plus prometteurs du technocapitalisme sur les humains et la nature. Grands cycles de capitalisation et montée en puissance technologique, il sera ici question de la Guerre-qui-ne-dit-pas-son-nom, la guerre généralisée à toute condition de génération et d’épanouissement de cette mince, mais ô combien précieuse, couche de matière grouillante à la surface de la croûte terrestre. Celle qui fait que nous pouvons, en tant qu’espèce, espérer et aimer, sentir, jouir et mourir. Il sera ici question de la guerre généralisée au vivant.

Accrochez-vous car il va falloir un peu de patience pour affûter ensemble nos scalpels de la pensée afin que bientôt, le temps de la critique laisse place à la négation vivante.

L’avant-propos de ce premier épisode, est consultable ici.

« L’état capitaliste considère la vie humaine comme la matière véritablement première de la production du capital. Il conserve cette matière tant qu’il est utile pour lui de la conserver. Il l’entretient car elle est une matière et elle a besoin d’entretien, et aussi pour la rendre plus malléable il accepte qu’elle vive. »

Jean Giono, Je ne peux pas oublier,1934

« Telle une machine, tout organisme y compris le plus ’simple’ constitue une unité fonctionnelle cohérente et intégrée. »

Jacques Monod, Le Hasard et la nécessité, 1970.

Lors de l’épisode précédent nous nous étions arrêtés sur l’image du film de zombie et de son triptyque : blouse blanche/képi/mort-vivant, symbolisant les peurs d’une époque déjà dépassée à la sortie du film en 1985. En effet, les pantins sanguinolants de Georges Romero représentaient la tension mortifère des chairs à vifs évoluant dans le néant entre Auschwitz et Hiroshima. Ils étaient un homme négatif, diminué – mi-vivant mi-mort – encore trop proche de l’animalité par rapport au regard froid des décennies 80-90. Cette allégorie moderne allait laisser la place sur le devant du spectacle à l’homme augmenté, humain-machine mi-vivant mi-inerte, le Terminator, le cyborg. « Nous sommes des chimères, des hybrides, des cyborgs, image condensée de l’imagination et de la réalité » pouvait dire Donna Haraway dans son Manifeste Cyborg. Effectivement les années…

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Auteur: lundimatin