Guerre : le nucléaire rend la France vulnérable

Stéphane Lhomme est directeur de l’Observatoire du nucléaire.


Depuis quelque temps, les promoteurs du nucléaire ne perdent pas une occasion de promouvoir leur industrie fétiche, parée de toutes les vertus. La construction de nouveaux réacteurs a été mise en avant pour lutter contre le changement climatique, alors que ces chantiers ne seraient pas achevés avant 2040. De même le nucléaire a été présenté comme « la » solution face à l’envol des prix de l’énergie, alors qu’il est acquis que les coûts de production des futures centrales seront prohibitifs.

Et voilà aujourd’hui que l’invasion de l’Ukraine par la Russie démontrerait la pertinence de l’option nucléaire imposée depuis plusieurs décennies en France, comme le prétendent, par exemple, la présidente et les rapporteurs de la commission des affaires économiques du Sénat ou des « experts » invités à s’exprimer dans les colonnes du Figaro, mais aussi divers intervenants sur les chaînes d’information en continu.

Pourtant, Il est évident qu’un pays très nucléarisé comme la France est en réalité hautement vulnérable. Qui peut raisonnablement écarter l’hypothèse dramatique d’une guerre qui toucherait le territoire français ? Alors que l’armée russe vient de prendre possession de la tristement célèbre centrale ukrainienne de Tchernobyl et de celle de Zaporijjia, comment ne pas envisager que des centrales françaises soient attaquées ou bombardées lors d’un conflit généralisé ?

La France possède certes des armes atomiques, mais comment permettraient-elles de protéger nos centrales nucléaires ? En atomisant les attaquants… sur notre propre sol ?

« En une nuit, un groupe terroriste peut mettre la France à genoux »

Et, même sans en arriver là, il est notable que la France nucléaire est très vulnérable du fait de la centralisation extrême de sa production : l’électricité est transportée sur des centaines de kilomètres par des lignes à très haute tension (THT) dont les pylônes, situés pour la plupart en rase campagne, peuvent être dynamités avec la plus grande facilité. En une nuit, un groupe paramilitaire ou terroriste peut mettre la France à genoux. Et qu’on ne nous accuse pas de « donner des idées à nos ennemis », cette vulnérabilité extrême est connue de toute personne qui suit les questions d’énergie.

A contrario, les énergies renouvelables peuvent être déployées de façon harmonieuse et décentralisée sur tout le territoire, et continueraient à fonctionner en…

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Auteur: Stéphane Lhomme Reporterre