Guerres, mercenariat et extrême-droites (II)

Après nous avoir exposé dans un précédent numéro de lundimatin les similitudes entre le groupe Wagner et Blackwater aux Etats Unis, Jérémy Rubenstein revient cette semaine sur les liens entre mercenariat, prolifération des forces spéciales et prospérité des extrême-droites, en rappelant les pratiques d’anciens militaires de l’armée française envoyés au Katanga au début des années 1960.

Dans la perspective de lier forces spéciales, extrême-droite et mercenariat comme l’y invitait un précédent texte, je propose de revenir sur une histoire très connue en France, celle« des Affreux » au Katanga, ou le« moment congolais de l’extrême-droite européenne », selon le titre d’un article de Nicolas Lebourg. Ce retour sur des choses passées, et relativement bien connues grâce à des enquêtes journalistiques et universitaires, éclairent quelques aspects du mercenariat actuel. Il s’agira ici de faire des aller-retours entre des aspects apparemment surprenants du groupe Wagner et une histoire principalement française du mercenariat.

Entre folklore et glorification

L’histoire de ces premiers mercenaires français est souvent soit folklorisée soit glorifiée. Côté folklore, on peut toujours perdre deux heures à regarder le biopic (un navet de guerre) consacré à Robert Denard, Mister Bob (2011). Côté glorification, ou lissage de carrière, Roger Faulques (1924-2011) était assez récemment dépeint dans la Revue Défense Nationale (qui dépend du ministère éponyme) comme « une des principales victimes » de la « campagne de presse contre la ‘torture en Algérie’ ». Autrement dit, l’un des tortionnaires français en Algérie parmi les plus connus (identifié notamment par Henri Alleg) est présenté comme la victime d’une presse malintentionnée par le colonel (re) Pierre Brière qui a jugé utile de mettre des guillemets à la torture en Algérie. La négation se porte bien dans l’armée.

Dans la veine de glorification, on peut aussi citer Edgard Tupët-Thomé (1920-2020), compagnon de la Libération qui, lors de ses obsèques en 2020, a reçu les hommage du président de la République. Ce dernier « salue ce résistant de la première heure, qui fut jusqu’à son dernier souffle un homme engagé, prêt à opposer aux mauvais vents de l’histoire le souffle de l’idéal. » Il va de soi que la première partie de l’hommage ampoulé, au résistant de la première heure, n’est ici pas en question. La seconde est un peu plus curieuse quand l’on sait que Tupët-Thomé fut…

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Auteur: dev