Guillaume Martin, cycliste : « Notre activité est une forme de luxe »

Guillaume Martin est coureur cycliste professionnel, membre de l’équipe Cofidis. Il a terminé meilleur grimpeur du Tour d’Espagne 2020, et décroché la huitième place du Tour de France 2021. Il est aussi un « vélosophe » et a publié deux livres où se tutoient la philosophie et le sport : Socrate à vélo et La société du peloton, dans lequel il parle d’écologie.


Reporterre — Lors du dernier Tour de France, en juillet, les coureurs ont été épuisés par les fortes chaleurs. Comment vivez-vous le fait d’être sportif de haut niveau sur une planète déréglée ?

Guillaume Martin — Nous vivons un gros, très gros problème. Je me souviens tout particulièrement du Tour d’Espagne 2021 [Guillaume Martin s’était accroché pour finir 9ᵉ de la course, malgré des douleurs costales et au sacrum]. Pendant plusieurs jours, nous avions traversé des chaleurs hallucinantes, particulièrement dans le sud de l’Espagne [Le record absolu de chaleur en Espagne avait été battu en pleine Vuelta, avec 47,4 degrés relevés à Cordoue]. J’ai le souvenir d’une étape où, pendant cinq heures, mon compteur n’était pas descendu en dessous de 33 °C. En moyenne, nous étions autour de 39 °C, alors que nous sommes montés en altitude. Un moment, je me suis demandé ce que je faisais là, à faire des efforts extrêmes sous des températures extrêmes, pendant que les autorités conseillaient à la population de rester cloîtrée chez elle avec les volets fermés.

Ces derniers temps, nous réalisons que dans notre monde déréglé, il va être de plus en plus compliqué de faire du sport. Très concrètement, dans le monde du cyclisme, ça pose la question de l’organisation des courses à certaines périodes de l’année. Je ne suis pas certain que le Tour de France puisse continuer de se tenir en juillet. Il en va de la santé des coureurs et des spectateurs. Et puis, avec les conséquences du changement climatique, nous allons faire face à des problèmes de l’ordre du vital, comme la faim. Est-ce que les courses cyclistes seront toujours au cœur de nos préoccupations à ce moment-là ? En tout cas, pendant le Covid, elles étaient considérées comme non-essentielles. Notre activité est une forme de luxe de notre société du divertissement.



Voyages fréquents, calendrier chargé… À quoi ressemble le mode de vie d’un coureur de haut niveau ?

Mon mode de vie est plus polluant que celui d’un citoyen moyen. C’est évident. Je passe 200 à 250 jours loin de chez moi, par an. Ça ne veut pas dire que je…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi Reporterre