Nos amis de la bibliothèque Fahrenheit nous ont transmis cette présentation d’un livre d’entretien avec Gunther Anders intitulé La violence : oui ou non. Une discussion nécessaire (1987) et dans lequel il reconnaît que, suite à l’accident de Tchernobyl, et bien que vu comme un pacifiste, il en est arrivé à « la conviction qu’on ne peut plus rien atteindre avec la non-violence ». « Nous sommes donc dans un “état d’urgence“. Tous les livres de droit, même ceux de droit canonique, non seulement autorisent la violence mais l’encouragent face à état d’urgence. »
Définitivement, il considère qu’ « il n’est pas possible d’atteindre une résistance efficace par les méthodes aimables, comme celles consistant à offrir des bouquets de myosotis aux policiers qui ne pourront pas les recevoir parce qu’ils ont leurs matraques à la main. Il est tout aussi insuffisant, non, il est absurde de jeûner contre la guerre nucléaire. (…). Ces gestes ne sont en réalité que des “happenings“. » Très clairement, il tient pour nécessaire d’intimider « ceux qui exercent le pouvoir et nous menacent (des millions d’entre nous) », « de menacer en retour et de neutraliser ces politiques qui, sans conscience morale, s’accommodent de la catastrophe quand ils ne la préparent pas directement ».
Le pouvoir repose toujours sur l’exercice de la violence, puisqu’utilisée par les pouvoirs reconnus. Elle n’est pas seulement autorisée mais aussi « moralement légitimée ». Günther Anders affirme ne viser à rien d’autre qu’à l’état de non-violence, à l’état de ce que Kant appelait la « paix perpétuelle » : « La violence ne doit jamais être une fin pour nous. Mais que la violence – lorsqu’on a besoin d’elle pour imposer la non-violence et qu’elle est indispensable – doive être notre méthode, ce n’est sûrement pas contestable. »
Il considère que la démocratie, c’est-à-dire le droit d’exprimer sa propre opinion, est devenue impossible parce que, au sens strict, on ne peut plus exprimer quelque chose qui ne nous est pas propre, depuis qu’il y a des « médias de masse » et que « la population du monde s’assoit comme fascinée devant les télévisions ».
Enfin, il considère que « “espoir“ n’est qu’un autre mot pour dire “lâcheté“ ».
L’immense intérêt de cet ouvrage est que, loin de se limiter à la publication de cette prise de position pour le moins clivante, il propose un large éventail de réactions publiques qui permettent au lecteur, au-delà de son propre sentiment, de parcourir tout le champ du débat….
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Auteur: lundimatin