Attaquées en diffamation par l’opérateur minier Trajan, la Compagnie des guides de Guyane et l’association Maiouri Nature Guyane ont obtenu gain de cause devant la justice. Elles étaient poursuivies pour diffamation par la compagnie minière après avoir rendu publiques les images de la pollution dont elle était responsable. Le 11 mars, le tribunal correctionnel de Cayenne a reconnu la bonne foi de leurs présidents respectifs et confirmé que ceux-ci n’avaient pas abusé de leur liberté d’expression. C’est une victoire démocratique pour les opposants aux exploitations aurifères, inquiets de la multiplication des projets miniers dans cette région.
Pour comprendre ce qui a poussé Trajan, une société spécialisée dans l’extraction de minerais et de métaux, l’or en particulier, à porter plainte contre deux petites associations locales, il faut remonter jusqu’à 2018.
En octobre de cette année-là, la préfecture de Cayenne autorise l’opérateur privé à exploiter une mine aurifère de type alluvionnaire, située sur la crique Nelson, une rivière en amont du fleuve Kourou, qui traverse la forêt amazonienne avant de se jeter dans l’embouchure de la ville à laquelle il donne son nom.
Jadis épargnées par les chercheurs d’or grâce à quelques installations touristiques, les rives du Kourou attisent aujourd’hui maintes convoitises.
Après la réunion de la Commission départementale des mines de Guyane et la validation du dossier de Trajan, l’arrêté préfectoral est publié. Il s’agit d’une autorisation d’exploitation (AEX), pour une durée de quatre ans, d’un chantier d’un kilomètre carré sur la crique Nelson, avec obligation de réhabilitation du site, dont la déforestation est approuvée. Elle est signée Patrice Faure, ancien préfet de Guyane aujourd’hui rapatrié dans le Morbihan.
Rendu public, l’arrêté est aussitôt attaqué au tribunal administratif de Cayenne par plusieurs associations locales, dont la Compagnie des guides et Maiouri Nature. Au cours des débats en commission, ces dernières ont relevé de nombreux vices de procédure et des enfreintes aux Codes minier et de l’environnement.
Un : l’Office national des forêts, auquel la propriété du site est déléguée par l’État, a rendu un avis défavorable au projet d’AEX, dont la préfecture ne tient aucun compte.
Deux : l’arrêté ne mentionne pas la présence, en aval des chantiers, d’une aire de captage d’eau potable alimentant près d’un Guyanais sur trois….
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Auteur: Augustin Langlade