Une mise en contexte historique et systémique
Le point de départ de notre problématique est qu’il est un peu simplifiant de persister à expliquer la situation, impuissante et erratique, actuelle d’Haïti en se référant à son histoire comme lieu d’exploitation. Aussi lourd que soit le poids du passé esclavagiste dans le présent, il n’est pas moins vrai que celui-ci est aussi le résultat de la résistance que le collectif, qui a hérité de ce passé, a offert et continue d’offrir pour se libérer des sangles qui le verrouillent sur ce passé. Quand ce collectif utilise les solutions du passé (marronnage, malice, violence aveugle) pour ses réussites (politiques, économiques, académiques) dans le présent, alors que les contextes du passé (collectif déshumanisé, dépendance) et du présent (collectif ressurgi dans son humanité, indépendance) n’ont rien en commun, malgré l’invariance des défaillances, il crée lui-même des boucles de récursivité qui font perdurer les problèmes du passé en y ajoutant ceux du présent. Ce qui logiquement bloque les voies vers d’autres possibles pour le futur. C’est du reste la première des 11 lois de la pensée systémique qui nous dit ceci : Les problèmes d’aujourd’hui viennent des solutions d’hier ; puisque, la complexité aidant et le contexte variant, les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes effets. Ainsi, les solutions (marronnage, malice, violence aveugle) trouvées aux problèmes (déshumanisation, barbarie, exploitation) du passé peuvent ne pas convenir aux problèmes (invariance, défaillance, errance) du présent, malgré leur ressemblance (déshumanisation).
De ce point de vue systémique, l’histoire ne suffit donc pas comme axe déterminant de causalité pour expliquer l’évolution d’une société. Il faut plus rigoureusement constituer un repère multidimensionnel dans lequel interviennent, les axes qui orientent sur les finalités…
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