Happy Days

La tradition de toutes les générations défuntes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants.— Marx

Au cours des quatre dernières années, il m’est arrivé d’expliquer que la présidence de Donald Trump ne représentait pas, comme beaucoup le redoutaient, l’arrivée du fascisme aux États-Unis. [[Nous conseillons, avant de s’enfoncer dans cet article qui revient sur la récente élection américaine, de lire cette introduction de Charles Reeve]

Trump ne se souciait pas de bâtir un État fort, ni de préparer l’Amérique à jouer un rôle impérialiste dynamique dans les affaires mondiales, et à mobiliser le patriotisme et le racisme pour réprimer la classe laborieuse au profit de la croissance économique. Loin de vouloir constituer une force paramilitaire nombreuse, il s’est contenté d’inspirer des « milices » pathétiques — bonnes pour animer des bars à bière, pas pour faire un putsch — incapables, par exemple, de seulement kidnapper le gouverneur du Michigan. (Les Weathermen, par comparaison, bien que formés d’anciens étudiants de la bourgeoisie, réussirent à libérer Timothy Leary d’une prison fédérale et à le faire sortir clandestinement du pays.) Ce que Trump parvint à accomplir, à part réduire quelque peu ses difficultés financières personnelles résultant de son ineptie dans les affaires, fut de promouvoir le programme républicain de dérégulation du marché et de baisse des impôts, tout en nommant des conservateurs dans le système judiciaire prêts à supprimer les futures initiatives « progressistes ». En fait, son gouvernement s’engagea dans la direction opposée à un accroissement fasciste du contrôle étatique, réduisant plus encore les efforts engagés sous le New Deal, pour au moins instaurer un certain contrôle par l’État de l’anarchie capitaliste. La stagnation économique suscita non pas des dépenses pour créer des emplois — le légendaire programme d’infrastructures — mais de simples…

Auteur: lundimatin
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