Le jour de son arrivée en décembre 2024 à la SNCF dans le secteur de Monsoult (Val d’Oise), au nord de Paris, Lou-Anne Rommel, jeune intérimaire de 19 ans, est briefée par deux supérieures hiérarchiques. Au milieu des consignes générales sur l’organisation du travail, les deux femmes mentionnent un nom : Laurent V. Un agent commercial en gare, la cinquantaine, fonctionnaire assermenté, embauché depuis le début des années 2000 via les emplois jeunes à la SNCF.
« Elles m’ont dit que si j’avais des problèmes avec lui, une remarque ou quoi que ce soit, que je n’hésite pas à venir les voir. Que ce soit avec un autre agent c’était pareil ; mais que je fasse attention à lui, en particulier. » Sur le moment, « ça m’a fait un peu peur », se souvient Lou-Anne. Les deux supérieures, qui ont l’œil sur les plannings, vont jusqu’à lui promettre de « faire en sorte que je ne travaille pas avec lui, le temps que j’étais là ».
Malgré ces promesses, lorsque Lou-Anne prend son poste, en gare de Persan-Beaumont, le 16 décembre à midi, l’agent shifté en binôme n’est autre que… Laurent V. Quelques heures auparavant, Ludivine H., sa supérieure directe qui l’avait mise en garde, s’en excuse : « Elle m’a dit que malheureusement elle n’avait pas pu faire autrement. »
Tout va alors très vite. Lou-Anne doit préparer avec Laurent V. des pochettes à confier à des convoyeurs de fond. À ce moment-là, le rideau du guichet est fermé. Il cache la vue de cette opération sensible aux passants de la gare de Persan, nombreux, comme chaque jour, à défiler pour prendre la ligne H vers Paris.
« Elle pense aux caméras de vidéosurveillance. Il y en a partout à l’extérieur, mais pas à l’intérieur du guichet »
« Mon bras a effleuré le rideau du guichet, ça l’a fait trembler. Laurent m’a dit : “Les clients vont penser qu’on est en train de ken”. Après il m’a dit : “On va baiser…
Auteur: Maïa Courtois