Hermann Schmidt et les fondements de la cybernétique

L’histoire de la cybernétique revient souvent sur les « génies » américains à qui l’on doit cette « discipline » qui n’en est pas une : Norbert Wiener, John von Neuman, Warren McCulloch, Gregory Bateson, etc. Ce faisant, on fait de la cybernétique le symbôle et le fondement de notre modernité « occidentale » débarassée du nazisme. Pourtant, il va de soi qu’un tel élan pour « le contrôle et la communication chez l’être vivant et la machine » couvait déjà depuis plusieurs années en Occident. Dans cet article de notre rubrique cyber-philo-technique, nous partons à la découverte d’un autre fondateur : Hermann Schmidt, et sa tentative de fonder un « Institut de la régulation » vers 1941. C’est peu de dire qu’on sort ainsi d’un récit triomphaliste qui associe la cybernétique avec la victoire sur la nazisme : voici un physicien, ancien ingénieur chez Siemmens et membre du NSDAP, qui propose de mettre au point une théorie générale de la régulation et de « régler tout ce qui est réglable ». Avec lui, nous avons moins à faire à un mathématicien génial qu’à un ingénieur rigoureux et systématique, dont l’influence est encore à mesurer. Bonne lecture.

1941 : un « Mémoire en faveur de la fondation d’un institut de technique de régulation »

Il y a 80 ans, en octobre 1941 à Berlin, Hermann Schmidt, physicien de formation, membre du NSDAP, ancien ingénieur chez Siemens, à présent attaché au bureau des brevets du Reich, faisait circuler une ’Denkschrift zur Gründung eines Instituts für Regelungstechnik’, soit un ’Mémoire en faveur de la fondation d’un institut pour la technique de régulation’. Schmidt y propose de mettre ensemble les différentes techniques de régulation dans une doctrine générale de la régulation. Trois ans plus tard, ledit institut fut créé au sein du département de construction mécanique de l’école polytechnique à Berlin-Charlottenburg, aujourd’hui la Technische Universität Berlin. Par le ministre de l’éducation du Reich, Rust, Schmidt fut nommé premier titulaire de la chaire de l’institut. De nombreux étudiants allaient assister aux cours de Schmidt : ils avaient une idée du futur prometteur de la régulation, en guerre comme en paix. Après la guerre, d’autres instituts similaires furent créés à Dresde, Aix-la-Chapelle, Stuttgart et Darmstadt, soit dans l’Est et dans l’Ouest de l’Allemagne.

En 1961, le mémoire de Schmidt fut republié dans la revue ’Grundlagenstudien aus Kybernetik und…

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Auteur: lundimatin