Régulièrement le monde psy est pris de convulsions à l’annonce d’un énième projet de réglementation de son métier. Les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie lui donnent sans doute des bonnes raisons pour une nouvelle poussée de fièvre. Nul doute que le rapport des Assises pétri d’un humanisme au parfum entêtant de scientisme, avec ses gadgets numériques, n’est qu’un moment de plus de la longue marche de destruction du secteur psychiatrique étouffé dans les airs irrespirables d’un néolibéralisme qui ne cesse de se réinventer.
En voici un échantillon qui donne le ton :
« Assurer une communication grand public régulière sur la santé mentale. Le manque d’information en santé mentale, le très faible niveau de connaissance du public sur ce sujet et la stigmatisation des troubles mentaux sont des obstacles importants à l’accès aux soins et à la prévention ; ils favorisent le retard de diagnostic et contribuent à l’isolement social des personnes. Dans la suite de la campagne nationale “en parler c’est déjà se soigner”, cette mesure vise à informer le grand public sur la santé mentale et ainsi à lutter contre la stigmatisation en :
Développant un dispositif de communication pérenne sur la santé mentale, avec notamment la création d’un site internet dédié à la santé mentale complémentaire à celui du Psycom. Produisant et expérimentant à terme des outils numériques pour le bénéfice de la population ».
Passons.
Les traits les plus caractéristiques de l’offensive néolibérale depuis les longues années 80 ont été maintes fois commentés : destruction du tissu des communautés et des solidarités, occultation des divisions sociales, atomisation coextensive à la promotion d’une ontologie entrepreneuriale, métropolisation dessinant un espace global quadrillé par les flux de la valeur indissociable d’une arrogante indifférence, quand ce n’est pas d’une brutale violence, à l’égard de la singularité des milieux de vie et des manières de les habiter. Cette nouvelle restructuration du « système-monde » aura entraîné avec elle l’effondrement de pans entiers du pastoralisme étatique et, avec celui-ci, des institutions disciplinaires de gestion de l’inadaptation mais qui n’en étaient pas moins, dans certains cas, des lieux d’hospitalité. S’est ainsi institué un nouvel ordre brutal de la négligence au nom de l’absolutisme despotique de l’économie.
L’esprit de l’entreprise, sans autre médiation, prolonge ainsi ses…
La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin