Hervé Le Treut : « Il y a un déni autour du changement climatique »

Canicule, incendies, sécheresse… Alors que les effets du changement climatique marquent cet été, Reporterre a interrogé le climatologue Hervé Le Treut. Membre de l’Académie des sciences, et professeur à l’École polytechnique et à Sorbonne Université, il vient de publier Climat et civilisation (éd. Érès).

Écoutez l’entretien complet de Hervé Le Treut dans Les Grands entretiens de Reporterre :

Reporterre — Vous suivez depuis trente ans l’évolution de la science climatique, mais aussi la réaction de la société à ce changement climatique. Que retenez-vous de ces trente années ?

Hervé Le Treut — On est parti d’un problème climatique qu’on considérait comme un problème de physique. On se battait pour savoir si on allait mettre quelque epsilon en plus ou en moins dans nos calculs. Le changement climatique, pratiquement absent dans les années 50-60, est devenu d’un coup un problème majeur et, plus tardivement, un problème largement visible par les citoyens. Cela nous a beaucoup secoués dans le monde des climatologues. Je n’avais pas envie de devenir quelqu’un qu’on voit sur les écrans, mais on a été happé par cela. À un moment donné, nous étions obligés de réagir à ce qui était en train de se passer sous nos yeux et de manière extrêmement rapide.

Vous abordez la question du changement climatique en faisant des modèles mathématiques du fonctionnement de l’atmosphère dans ses interactions avec les rayons solaires, avec les gaz à effet de serre, les océans, la végétation.

Les modèles sont des planètes virtuelles. On peut jouer plusieurs fois le climat avec ces modèles climatiques. Mais au-delà des équations, la biodiversité se prête mal à ce jeu, et la présence humaine est un des éléments très marquants. Tout ce qu’on a pu faire à partir des modèles climatiques a permis d’anticiper très largement ce qui est en train de se passer. Mais cela ne suffit pas pour donner aux décideurs les éléments permettant de décider sans coup férir ce qu’on doit faire.

Pour Hervé Le Treut, « la science brutale, si je puis dire, ne suffit pas » face au réchauffement climatique. © Mathieu Génon / Reporterre

C’est devenu un problème politique ?

Le changement climatique est devenu un problème à différentes dimensions : il est politique, il est lié aux droits de l’Homme, mais aussi à la biodiversité composée de millions d’espèces. Ce sont des effets très différents qui se mélangent et que nous sommes obligés de prendre en compte tous…

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Auteur: Hervé Kempf Reporterre