Histoire et théorie critique #1

Avouons-le, nous sommes de plus en plus étonnés par les « absences » ou ce qui apparaît comme des conduites d’évitement devant les dangers d’ultimes régressions ou de guerres qui se profilent un peu partout. Pour que le phénomène soit aussi répandu, c’est qu’il doit y avoir des raisons historiques à cela mais aussi des manques dans l’élaboration théorico-critique. Il reste qu’au moment où toutes sortes de nationaux-populismes, de fanatismes religieux ou de totalitarismes nouveaux se répandent à travers les continents, il nous semble important de revenir à leur caractérisation passée et à la manière dont leur histoire fut écrite.

Les notions de terreur et de totalitarisme : une actualisation nécessaire

« L’idée de totalitarisme a trop souvent fait l’objet d’instrumentalisations contestables ; elle constitue néanmoins un repère irremplaçable pour maintenir ouvert, en ce tournant de siècle, un horizon de liberté. […] Renouer le fil d’une critique du totalitarisme signifie cultiver la mémoire d’un siècle qui a connu le naufrage du politique ; signifie conserver un garde-fou de la pensée comme la balustrade d’une fenêtre ouverte sur un paysage dévasté. »

Enzo Traverso, Le totalitarisme : le xxe siècle en débat

1 – Au temps de l’Urss et du marxisme stalinien la conception « scientifique » de l’histoire sous les traits du « matérialisme historique » ou du « matérialisme dialectique » avait fait du paysan individuel dénommé « riche koulak », une scorie du passé aussi obsolète que le « dégénéré » de l’eugénisme en Allemagne nazie ; il fallait donc les supprimer, dans un cas pour que l’histoire avance, dans l’autre pour purifier la race, et dans tous les cas pour forger un « homme nouveau », voire une civilisation millénaire. Les exécuteurs eux-mêmes ne se voyaient que comme les officiants obligés ou consentants d’un projet d’avenir…

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Auteur: dev