Hommage à David

David faisait partie des militant.e.s ayant réquisitionné le bâtiment de la Maison des Peuples – Le Bourgeon, en juin 2019, un bâtiment vide du centre-ville de Saint-Étienne. David faisait partie des militant.e.s déterminé.e.s à ne pas laisser l’injustice et l’absurdité prendre racine. David était engagé et révolté.

Mercredi 3 février avait lieu, après la cérémonie de crémation officielle et intime, une deuxième cérémonie dans une amicale laïque de Saint-Étienne pour permettre à tou.tes ceux et celles qui avaient connu David de rassembler souvenirs, mots personnels et affections. La police nationale est arrivée dans l’après-midi, armes aux bras.
Pendant le contrôle d’identité de chacun.e, l’un de nous a été menotté, embarqué, et a passé la nuit en GAV. Il sera convoqué devant la « justice » pour rébellion.

À vous, qui ne vous êtes pas manifestés, bons flics, lors de nos appels et demandes explicites à se montrer.

À vous, et votre commissaire,
vu trop souvent à l’œuvre ces dernières années,
marionnettiste des situations les plus honteuses.

À vous,
qui entrez dans nos tristesses avec vos bottes crades, vos violences au poing et à l’œil, votre masse impotente.

Vous avez fait naître une lueur intarissable, imperméable sous mes paupières, vous avez ébréché la poche à rage que vous avez en partie nourri.

Une sœur nous avait annoncé avoir rencontré l’une d’entre vous, au cœur connecté, aux oreilles respectueuses et grandes ouvertes. Vous avez plusieurs visages. Pourvu que le visage de cette une parmi vous se propage et vous avale aussi vite que se propage la peste.

Vos ignominies sont trop souvent pointées du cri
et pourtant,
pourtant j’espérais,
et cet espoir aussi était une petite flamme sous mes paupières.
Mais vous avez vous-même jeté de l’eau dessus,
et la flamme s’est tari.

Vos cœurs je les ai vus,
je vous ai aussi vus être persuadés de les sentir
et c’est probablement pour cette raison
que vous avez ri de nous.

J’ai d’abord cru que mon regard dans le votre allait droit au cœur,
et puis, portant mon attention d’un peu plus près,
j’ai compris.
Votre malheur est ce manque de connections,
du cœur
à tout le reste.
Vous l’ignorez, yeux et dents rivées, oreilles fermées sur vos armures et vos canons,
n’écoutant que les aboiements, ne vous nourrissant que de…
de quoi, d’ailleurs ?

Votre cœur bien présent est bien seul
dans un grand corps,
il dépérit.
La lueur derrière vos paupières est ce feu qui prend l’eau.

Et puisque…

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Auteur: lundimatin