Hommage à un hêtre solitaire et centenaire, abattu sans remords

Christian Amblard est naturaliste et directeur de recherche au CNRS.


C’était un phare au milieu d’un océan de verdure. Le hêtre solitaire trônait au milieu des prairies d’altitude, près de Chananeille, aux confins du Sancy et du Cézallier, en Auvergne. Il était bien seul depuis que l’agriculteur moderne avait abattu toutes les haies du voisinage, qui formaient, pourtant, un maillage efficace et bienfaisant. Cette trame bocagère avait été construite lentement par des générations de paysans intelligents et responsables, qui avaient su planter et conserver, autour des frênes de haute futaie, d’autres essences arborescentes et arbustives.

Après une lente montée le long de la route sinueuse qui serpentait laborieusement depuis le fond de la vallée, l’apparition soudaine du hêtre majestueux sur son plateau, le fayard qui pointait fièrement sa flèche vers le ciel, me ravissait en toutes saisons.

Au printemps, son feuillage vert tendre accueillait des oiseaux de passage, qui venaient se poser pour se reposer. De retour des pays chauds, immédiatement soucieux de bien se faire entendre alentour, le coucou profitait fréquemment du promontoire pour provoquer ses congénères de son chant lancinant. Quelquefois, le merle à plastron en migration faisait une halte reposante au sommet des branchages avant son échappée vers les pelouses alpines.

Au printemps, son feuillage vert tendre accueillait des oiseaux de passage qui venaient se poser pour se reposer.

L’été, l’arbre bienfaisant abritait la sieste réparatrice du faucheur éreinté par le dur labeur de la fenaison ou bien encore le troupeau de vaches écrasé par la chaleur.
Les frimas de l’automne le couvraient d’or et de cuivre et, les bonnes années, un vol de palombes en…

Auteur : reporterre
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