Homosexualité et civilisation : perspectives vitalistes à partir de l'anus

Partant du constat que « l’homosexualité n’est plus révolutionnaire », Quentin Dubois demande : « veut-on redonner à la théorie queer un pouvoir critique à la hauteur de la tâche politique actuelle ou la laisserons-nous encore agoniser comme une simple reconnaissance d’existences plurielles à intégrer ? », dans un article qui est publié au même moment par le mensuel Trou Noir

Il y a de glorieux précédents au projet de concevoir l’homosexualité comme une réelle menace –comme une force qui ne se limite pas à l’espoir modeste d’une tolérance sociale de la différence mais rend impératif le choix politiquement inacceptable, et pourtant indispensable d’une existence hors la loi.
Leo Bersani, Homos. Repenser l’identité, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 98

Une homosexualité qui n’est plus problématique.

Il est de ces diagnostics à poser non sans quelque douleur mais qu’exige par-delà nous-mêmes le critère de l’honnêteté : l’homosexualité n’est plus révolutionnaire. Ou pour le dire plus nettement : il y a rupture d’évidence entre l’homosexualité et l’opérateur révolutionnaire. Le diagnostic rapide de la conjoncture désirante militante et la place faite à l’homosexualité signent un basculement des organisations militantes peu surprenant puisqu’il est du gauchisme d’infléchir tout ce qui peut potentiellement occuper une fonction de coupure dans le champ social : en quelques décennies, l’homosexualité est passée de mal petit-bourgeois à véritable faire-valoir des organisations avec l’élégante mauvaise foi qui les caractérise lorsqu’ils affirment avoir pris acte du féminisme et par extension du queer en acceptant, parfois, la non-mixité, les formules inclusives et les demandes de pronoms, et conforte dans les positions d’innocence.

Au bout du processus d’incorporation gauchiste, le constat d’une homosexualité qui n’est plus problématique. C’est là le…

Auteur: lundimatin
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