Basta! : La Poste a acté début janvier la fin du timbre rouge. Est-ce pour vous un nouveau révélateur de la dégradation de ce service public ?
Lucie Castets : On constate que la logique de rentabilité prend parfois le pas sur des logiques de service public. On entend très bien que le maintien d’un timbre rouge, qui comporte des contraintes en matière de délai de délivrance du courrier, ça coûte cher. Mais cela ne doit pas être la seule considération à prendre en compte lorsqu’on décide du maintien ou non d’une politique. Sinon, par exemple, et c’est ce qui arrive, on supprime des lignes de train et on ferme des lits dans les hôpitaux.
Quels sont les autres secteurs du service public qui se dégradent particulièrement selon vous ?
Un des domaines où c’est le plus flagrant, c’est la santé. N’importe quelle personne qui se rend aux urgences peut voir à quel point la situation est délétère. Le personnel de santé fait face à des conditions de travail inacceptables. C’est le cas dans de nombreux secteurs du service public.
« On n’arrive plus à recruter des fonctionnaires. Il y a énormément de places vacantes dans tous les domaines du service public »
Cette situation s’illustre aussi par le fait qu’on n’arrive pas à recruter des fonctionnaires. Il y a énormément de places vacantes dans tous les domaines du service public, avec de moins en moins de personnes qui se présentent aux concours de la fonction publique. Pour vous donner un chiffre : on avait en moyenne pour les concours du services public 15 candidats pour une place en 1997 contre six candidats pour une place l’année dernière.
Ça s’explique assez facilement par d’une part des rémunérations qui ne sont pas attractives et d’autre part des conditions de travail dont on sait qu’elles sont extrêmement difficiles. C’est un cercle vicieux : si vous savez que les conditions de travail sont dures, vous ne postulez pas et les agents déjà en poste se retrouvent dans une situation encore plus dure parce qu’ils doivent faire le travail de plusieurs personnes. C’est vrai à l’hôpital, mais aussi à l’école.
Est-ce qu’on ne va pas arriver à un point de rupture ?
« A l’hôpital, la conséquence, ce sont des gens qui peuvent mourir parce qu’ils sont soignés dans de moins bonnes conditions »
Cela s’est progressivement étiolé et on arrive en effet à un point de rupture. Par exemple, à l’école, on voit la qualité de l’enseignement se dégrader, il y a de moins en moins de mixité sociale. Les gens…
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Auteur: Nils Hollenstein