Hugo Clément : ” Pour embarquer plus de monde, il faut déjà arrêter la course à la pureté écologique”

Avec la sortie de son nouveau livre Les lapins ne mangent pas de carottes, Hugo Clément revient sur l’image que nous avons des animaux et appelle à changer de regard sur le vivant. L’occasion d’échanger sur ses engagements personnels et professionnels, son rapport à l’activisme, à la politique et au pouvoir.

Bonjour Hugo et merci pour cet échange. Dans ton nouveau livre, tu expliques que nous sommes les seuls à détruire l’environnement dont nous dépendons pour survivre, et les seuls à provoquer l’extinction des êtres qui partagent notre écosystème. Est-ce un appel à sortir d’une vision anthropocentrée de l’écologie ?

L’humain a tendance à se mettre à l’écart de « la nature », comme si nous n’en faisions pas partie. Nous pensons être une espèce à part, séparée du reste du vivant. « L’Homme n’est pas le seul animal qui pense, mais il est le seul à penser qu’il n’est pas un animal », écrit très justement le paléoanthropologue Pascal Picq. Pourtant, nous ne sommes rien d’autre que des animaux, des primates, de la famille des hominidés, comme les chimpanzés ou les gorilles.

Comme toutes les espèces de cette planète, nous ne pouvons pas vivre seuls. Nous dépendons des autres pour survivre, d’où l’importance de se battre pour la biodiversité. Et cela passe avant tout par bousculer notre représentation du monde. Nous construisons une hiérarchie entre les différentes formes de vie, et nous nous plaçons au sommet de la pyramide, en décrétant que nous sommes les plus intelligents. Cela nous conduit à justifier l’exploitation des autres créatures, à légitimer l’usage de la violence sur les animaux et la destruction de leurs habitats. Pourtant, rien ne prouve que nous sommes les plus intelligents.

Malgré nos connaissances toujours plus grandes, nous sommes incapables de savoir ce que pensent ou disent les baleines, par exemple. Et puis, qu’est-ce que l’intelligence, si ce n’est la capacité d’une espèce à se perpétuer, à survivre au fil de l’évolution, à s’adapter aux changements de situation, de climat ? Or, nous sommes une espèce jeune. Les requins sont là depuis des centaines de millions d’années. Les premières traces d’Homo sapiens, elles, remontent à seulement 300 000 ans. C’est un battement de cil à l’échelle de l’évolution, et rien ne dit que nous serons toujours là dans quelques millénaires.

D’autres espèces humaines nous ont précédé et ont depuis disparu. Cette fragilité doit nous inciter à la modestie et à…

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Auteur: Bon Pote