Basta! : Les études concluent à une surmortalité par suicide des exploitants agricoles par rapport à la population générale. Le risque est par exemple trois fois plus élevé chez les agriculteurs que chez les cadres. Pourquoi les agriculteurs se suicident-ils plus que les autres catégories socio-professionnelles ?
Dominique Jacques-Jouvenot : L’argument économique, le fait de ne pas gagner sa vie, fait partie des facteurs de sur-suicide. Mais d’autres facteurs reviennent régulièrement dans les entretiens menés avec les familles de suicidés. Les proches disent beaucoup : « De toute façon il avait peur de ne pas y arriver ».
Ce qui est ici en question c’est le rapport à l’école. On entre dans le métier en délaissant une part des savoirs qui, aujourd’hui, sont nécessaires pour faire fonctionner une exploitation : la comptabilité gestion et les demandes de subventions notamment. Beaucoup d’agriculteurs ne se sentent pas capables de faire face à tout ce travail administratif qu’ils appellent tous « la papasserie ».
L’autre aspect est que ceux qui se suicident sont plutôt sous-diplômés par rapport à la population des jeunes en formation. Ils sont aussi souvent sans conjointe ou sans femme à la maison – dans le cas où la mère est décédée par exemple. Or, ce sont elles qui, généralement, gèrent le fonctionnement de l’entreprise. Se retrouver sans personne pour faire ce travail administratif et être peu diplômé, sont deux…
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Auteur: Sophie Chapelle