Seix (Ariège), reportage
Englouties par la brume se dessinent au loin des bâtisses noircies par le temps. Perché dans le Couserans ariégeois, le village de Seix contemple la neige saupoudrer d’un voile blanc les forêts environnantes. Sur le panneau d’entrée de la commune, un autocollant invite à pénétrer dans le « Pays de l’ours », symbolisé avec sarcasme par une brebis égorgée.
C’est ici, samedi 20 novembre, qu’un chasseur a été blessé par une ourse, qu’il a ensuite abattue. Ses proches, qui n’ont pas assisté à la scène, racontent qu’il aurait aperçu gambader devant lui deux oursons, avant d’être attaqué par derrière par la mère. « J’ai entendu l’appel radio, raconte Andreu Léopold, qui chassait avec lui. La mère lui a chopé la jambe et lui a arraché le mollet. » À l’arrivée des secours, le septuagénaire seixois a été héliporté vers l’hôpital de Toulouse. L’animal, lui, gisait en contrebas.
Depuis 1996 et la réintroduction d’une première femelle slovène dans les Pyrénées, jamais aucun humain n’avait été blessé par l’imposant mammifère. Malgré cela, ce face-à-face tragique a immédiatement attisé l’ire des opposants à l’ours brun. En Ariège, de nombreux chasseurs et élus ont saisi l’occasion et réclament une régulation de l’espèce, pourtant en danger critique d’extinction.
Deux autocollants représentent des brebis égorgées. © Emmanuel Clévenot/Reporterre
L’homme n’était pas autorisé à chasser dans cette zone
Six jours après les événements, la colère a soudainement changé de camp. Le 26 novembre, la substitut du procureur, Léa Filippi, a annoncé l’ouverture par le parquet de Foix d’une information judiciaire à la suite de la mort de l’ourse. En effet, la chasse s’est déroulée, au moins pour partie, dans la réserve domaniale du Mont Valier, soumise à des restrictions.
L’article 5 de l’arrêté préfectoral relatif à l’ouverture de la chasse en Ariège énonce en effet que les battues au sanglier doivent y être organisées par l’Office national des forêts. Président de la fédération de chasse du département, Jean-Luc Fernandez se défend en assurant qu’un accord tacite existe entre les deux organisations : « Depuis 2019, l’ONF ne nous a jamais rien reproché et n’a procédé à aucun contrôle. Pourtant, ils croisent les chasseurs tous les jours. »
Contacté par Reporterre, un membre de l’établissement public dément ces propos : « Nous ne pouvons rien dire pour l’instant, mais…
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Auteur: Emmanuel Clévenot (Reporterre) Reporterre