« Il est important de mettre les victoires environnementales en valeur »

Pas de look baroudeur ni de regard blasé, il patiente sur le trottoir comme n’importe quel familier de la jungle urbaine quand nous le rencontrons, début juin, lors d’un passage à Paris. Mais, depuis vingt-cinq ans, l’écosystème d’Aurélien Brulé – connu sous le surnom de « Chanee* », gibbon en thaïlandais –, ce sont les forêts d’Indonésie, de Bornéo en particulier, que ce passionné des grands singes tentede sauver, avec son association Kalaweit, de l’appétit monstre des industries du palmier à huile et du charbon.

Que vous a appris votre expérience indonésienne de la sauvegarde des écosystèmes et des espèces animales ?

Le pragmatisme. J’avais la démarche un peu condescendante de l’Occidental avec sa vision de la protection de l’environnement – « vous avez besoin d’une ONG comme Kalaweit ». Très vite, ce fut une remise en question totale : confronté à la réalité locale, il faut adapter sa méthode. Et pour être efficace immédiatement, il faut du pragmatisme. Ainsi, les populations locales étaient a priori nos alliées, elles savaient bien mieux que moi quoi faire pour protéger la forêt. Mais, pressées par leurs difficultés économiques et sociales, elles sont aussi souvent actrices de la destruction. Cependant, l’ennemi principal, ce sont d’abord les centres du pouvoir, à Jakarta. C’est donc ensemble qu’il fallait trouver des solutions. En se départant d’un discours vague et global – « sauvons la forêt » –, sous-tendu par la conviction que tout le monde travaillerait spontanément main dans la main. Alors qu’il faut déjà agir localement pour faire la différence. Et si je parviens à protéger une forêt, je me fiche des motivations des personnes qui m’ont permis d’y parvenir. L’urgence appelle des résultats immédiats.

Vous avez donc remisé une forme d’idéalisme de l’action ?

Oui, et qui…

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Auteur: Patrick Piro