« Il est trop tôt pour dire que Marine Le Pen est aux portes de l’Élysée »

Politiste et directrice de recherche émérite au CNRS, Nonna Mayer est rattachée au Centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po. Après avoir dirigé un ouvrage sur le Front national en 1989, elle n’a cessé de travailler sur la sociologie électorale de ce parti. Ses travaux portent également sur les droites radicales populistes en Europe en lien avec le genre, et sur les transformations du racisme et de l’antisémitisme.

En quoi le « tonnerre de Dreux » qui a lieu en septembre 1983 représente-t-il un moment fondamental dans l’histoire du FN ?

Le Front national est créé en 1972 à l’initiative d’Ordre nouveau et met à sa tête Jean-Marie Le Pen. Il choisit comme modèle le MSI italien. Mais, contrairement à ce parti, le FN n’a pas de succès électoral. Il reste encore marqué par une image d’extrême droite associée au passé de la Seconde Guerre mondiale. Valérie Igounet montre que, dès 1977, il y a eu quelques alliances au niveau local pour des élections municipales, mais personne n’en parlait. Les partielles de Dreux en septembre 1983 ont été un moment fondamental parce qu’elles ont fait sortir le FN de son ghetto électoral. C’est un véritable choc, c’est le « tonnerre de Dreux ». Au premier tour, le Front national et le RPR-UDF [Rassemblement pour la République-Union pour la démocratie française] présentent deux listes distinctes. La liste du FN, menée par Jean-Pierre Stirbois, obtient 16,7 % des suffrages exprimés. Au second tour, ces deux listes font alliance et obtiennent 55 % des voix, la gauche est battue. Le FN obtient quatre élus municipaux dont trois adjoints au maire.

L’événement est extraordinairement médiatisé et toute la gauche se dresse contre. Il va y avoir des manifestations, des défilés, des lâchers de colombes, des ballons… À droite, il n’y a véritablement que deux voix pour s’élever…

La suite est à lire sur: www.politis.fr
Auteur: Pauline Migevant