Il est urgent de prendre le temps

En cette semaine que l’on imagine décisive, voici une proposition supplémentaire rédigés par quelques uns de nos lecteurs, pour s’extraire d’une certaine urgence : ouvrir des lieux, ralentir le temps, organiser la suite.

Ces dernières semaines, on a ressenti des hauts et des bas. Des manifs verrouillées, puis finalement pas tant. Des lieux occupés mais qui ne tiennent pas. La résignation, puis en fait la Concorde. Des manifs sauvages qui renversent et embrasent tout sur leur passage, mais qui doivent se disperser, disparaître.

Il ne suffit pas de se contenter de la spontanéité là où elle se montre. Si l’énergie n’est pas nourrie, elle s’éteint. Il ne s’agit pas de retenir son souffle à chaque appel dans l’espoir qu’il déborde, mais de s’assurer que ce débordement puisse se maintenir et se renforcer.

Oser revenir une deuxième fois à la Concorde, sans appel des orgas, et essayer d’enraciner là une nouvelle phase du conflit a été un geste fort. Mais en face, la stratégie s’affûte en temps réel. Qu’attendons-nous pour en faire de même ? Pour durer, ne pas se faire étouffer, à nous aussi de nous demander : quelle stratégie maintenant, quel geste, qu’est-ce qu’il manque ?

Il faut se poser la question du temps. Dire qu’il y a urgence, dire qu’il y a une bataille pour le temps, ce n’est pas faire de la poésie, ce n’est pas une image, ce n’est pas symbolique. C’est précis, c’est dur, c’est un combat, qu’on ne mènera pas sans violence. Parce que c’est précisément ce qui nous rendra plus dangereux encore : arriver à se trouver, à se parler, à vraiment décider de la suite. Et tout ça, il faudra l’arracher. Arracher du temps, arracher un lieu où ce temps pourrait se déployer.

Qu’y a-t-il de plus explosif, dans la situation présente, que de se retrouver dans un même lieu après une manif sauvage, raconter et s’échanger nos expériences, célébrer nos victoires, voir ce qu’il manque… Un lieu depuis lequel penser le coup d’après. Un lieu d’où l’on part, où l’on revient, où se préparent les blocages et les actions. Où il est possible de penser un lien stratégique entre les différentes propositions.

Il faut réussir à comprendre qu’aujourd’hui, rester dormir dans un lieu qui a vocation à être un point d’organisation pour tout le mouvement en cours, est un dépassement à la hauteur de ce qu’a pu être l’émergence d’un cortège de tête faisant fi des petits arrangements entre la pref et les syndicats.

Prendre au…

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Auteur: dev