« Il faudrait que Kylian Mbappé arrive à vélo à l'entraînement ! »

On se déplace sans cesse. Pour travailler, étudier ou s’amuser, on prend la voiture, le train ou l’avion. Cette addiction aux transports, qui date du milieu du XIXe siècle, est analysée par Laurent Castaignède dans son dernier livre La bougeotte, nouveau mal du siècle ? (éd. Écosociété). Cet ancien ingénieur automobile questionne la viabilité sociale et écologique de ce qu’il considère comme « un mal moderne » poussé par les lobbies du transport. Et donne quelques pistes pour ralentir, afin de contrer les effets délétères de cette dépendance.


Reporterre — Dans votre livre, pourquoi utilisez-vous le champ lexical de la maladie pour décrire notre addiction aux déplacements ?

Laurent Castaignède — J’ai commencé ce livre en 2019, bien avant le Covid-19. Mon titre provisoire était d’ailleurs « La pandémie de la bougeotte », car à l’époque, ce mot n’était pas beaucoup utilisé. J’ai structuré mon travail comme un livre médical et quand j’ai commencé à documenter l’origine du mot « bougeotte », j’ai découvert qu’il avait été défini comme une maladie au début du XXe siècle. Dès le XIXe siècle, les médecins faisaient d’ailleurs clairement le lien entre le développement des transports motorisés et la propagation des épidémies. C’est même indiqué clairement dans le compte rendu de la première conférence sanitaire internationale en 1851.

N’avons-nous donc rien appris de l’histoire ?

Pas vraiment. D’ailleurs, si on relit le compte rendu de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2003, sur la santé dans le monde, il indique clairement que les aéroports sont une plaque tournante des épidémies. Or, entre l’émergence du Sars-CoV-1 début 2003 et le Sars-CoV-2 début 2020, le nombre de passagers aériens internationaux a triplé. Quand la ville de Wuhan s’est confinée, il était déjà trop tard. Son aéroport international dessert tous les continents et trop d’avions circulaient pour espérer que ce virus reste confiné à la Chine. Les variants suivent d’ailleurs les mêmes chemins que l’aviation internationale.



Vous expliquez que cette épidémie de bougeotte est entretenue par les entreprises qui n’ont pas intérêt à ce que l’on réduise nos déplacements.

Toute notre économie est accro à la bougeotte pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce que les infrastructures nécessitent des chantiers de construction. Ensuite, parce que cela entraîne une certaine addiction, avec des abonnés qui vont prendre leur voiture ou le…

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Auteur: Laury-Anne Cholez (Reporterre) Reporterre