« Il faut décoloniser notre approche de la nature »

Fiore Longo est anthropologue et directrice France de Survival International, une association qui travaille avec les peuples autochtones pour les aider à protéger leur mode de vie et leurs territoires. Elle tente de décoloniser notre approche de la nature.


Reporterre — Les médias emploient de nombreux termes différents pour décrire les peuples autochtones : peuples primitifs, originels, etc. Quel est le plus juste ?

Fiore Longo — Pour notre part, nous utilisons la définition de la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), le seul instrument juridique contraignant. Il reconnaît le droit à l’autodétermination des peuples autochtones.

En avril dernier, l’ONU rappelait que « la pandémie de Covid-19 faisait peser une grave menace sur la santé des peuples autochtones du monde entier » car leur système immunitaire ne leur permet pas de se défendre. Mais ne sont-ils pas tout autant vulnérables au changement climatique ?

Il est plus facile d’accuser la pandémie et le changement climatique que les véritables raisons de la vulnérabilité de ces peuples : le vol de leurs terres qui les prive de leurs moyens de subsistance et le racisme. La société industrialisée pense qu’ils ne sont que des primitifs, alors tout est bon pour justifier la violence génocidaire à leur encontre.

C’est en Amazonie qu’on trouve le plus de peuples « non contactés », qui n’ont jamais eu de contact avec notre société. Quelles menaces pèsent sur eux depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, le président brésilien ?

Nous utilisons un mot assez fort pour décrire la situation : celui de « génocide législatif ». Au Brésil, il existe un département qui s’occupe des peuples autochtones et Bolsonaro vient de couper dans son budget. De plus, il a mis à la tête de l’unité qui s’occupe des peuples…

Auteur : Laury-Anne Cholez (Reporterre) Reporterre
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