Amandine Sanvisens est cofondatrice de l’association PAZ, particulièrement engagée contre la pêche au vif, et directrice de l’association ALI France (Aquatic Life Institute).
Jusqu’à la seconde moitié du XXᵉ siècle, beaucoup de chercheurs doutaient que les animaux puissent réellement ressentir, comme nous, de la souffrance et des émotions. Ils qualifiaient d’anthropomorphistes ceux qui pensaient que les chiens ou les poules ont une conscience. L’hypothèse selon laquelle les animaux n’auraient aucune subjectivité et ne réagiraient que par de simples mécanismes physiologiques ou instinctifs était alors considérée comme raisonnable. Il ne fallait pas dire qu’un chat hurle de douleur lorsqu’on lui marche sur la queue, mais qu’un stimulus nociceptif provoque une émission sonore !
Depuis, l’opinion publique a progressé et a enfin rejoint l’avis de Darwin, selon lequel « la différence d’esprit entre l’humain et les animaux supérieurs, si grande soit-elle, est certainement une différence de degré et non de nature ». Pourtant, certains animaux vertébrés (possédant un squelette osseux ou cartilagineux) sont encore traités comme s’ils n’avaient aucune conscience de ce qui leur arrive, comme si rien ne comptait pour eux. Une petite expérience de pensée permet de s’en rendre compte.
Les quatre moments de la journée : le matin. Peinture de Claude Joseph Vernet.
Imaginons qu’il existe en France une chasse aux renards d’un type curieux. Celle-ci piégerait les renards en utilisant des lapins capturés dans la nature ou issus d’un élevage intensif. Les adeptes de ce loisir transperceraient la peau du dos des lapins avec un crochet en métal afin de les accrocher à un point fixe à l’aide d’un filin. L’odeur du sang et les bruits des lapins se débattant, fous de douleur, attireraient les prédateurs. Les chasseurs pourraient alors s’emparer des renards après qu’ils se soient empalés sur le crochet en dévorant vivant le malheureux lapin ayant servi d’appât.
Un tel manque d’empathie pour les lapins choquerait sûrement la plupart de nos concitoyens, qui soupçonneraient les chasseurs d’être atteints d’une psychopathie bloquant toute compassion pour leurs victimes. Ainsi, lorsqu’en 2005 le bruit se répandit que des chiens servaient d’appâts vivants pour la pêche aux requins à La Réunion, le scandale fit grand bruit, et la préfecture prit immédiatement un arrêté pour abolir cette pratique, même si les faits restaient flous. De même, interrogée en…
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Auteur: Reporterre