Joëlle Bordet travaille dans le domaine de la recherche-intervention : elle part à la rencontre des jeunes et utilise leurs récits, mêlés aux outils scientifiques, pour aboutir à des propositions de politiques publiques qu’elle soumet à des acteurs en demande. Elle fait partie du Centre scientifique et technique du bâtiment, et a créé récemment un réseau de recherche international intitulé « Jeunes, inégalités et périphéries ».
Joëlle Bordet
Chercheuse psychosociologue au Centre scientifique et technique du bâtiment
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Joëlle Bordet est également membre du comité national de la Ligue des droits de l’homme (LDH). Elle a été invitée à s’exprimer le jour de la marche « pour la vie dans nos quartiers » organisée par des collectifs de mères des quartiers populaires de Paris. Quelques jours avant l’événement, elle a accepté de répondre aux questions de Basta! sur la jeunesse en France.
Basta! : Après les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, tué par la police en mai 2023, on a beaucoup parlé de la jeunesse des quartiers populaires dans le débat public et le discours politique. Comment analysez-vous la position du pouvoir sur les jeunes ?
Joëlle Bordet : Le gouvernement de Macron a vraiment une position très dangereuse vis-à-vis des quartiers populaires. Il a une politique de division interne à la jeunesse sur des destins sociaux. En gros, il y a ceux qui font des études, il y a ceux qui participeront à la réindustrialisation de la France en passant par la formation professionnelle, et puis ceux qui seront poussés vers l’économie grise, de la survie, de la drogue, mais aussi de l’ubérisation. Ce phénomène commence très jeune, dès le collège. Ces destins se jouent désormais dès les classes de cinquième et troisième.
Le SNU – service national universel – est un exemple très parlant de cette division de la jeunesse. Ce dispositif dit très clairement : « Soit tu…
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Auteur: Emma Bougerol