Basta! : Pourriez-vous revenir sur l’importance de ne pas réduire la santé publique à un problème ou à des enjeux de comportements individuels ?
Annie Thébaud-Mony : Les maladies liées à l’amiante ou aux pesticides ne sont pas des maladies comportementales. Malheureusement, en santé publique, il y a une forte tendance à interpréter tous les problèmes de santé comme relevant de la responsabilité individuelle. On sait pourtant aujourd’hui, et c’est très clair dans de nombreuses enquêtes que j’ai pu faire, que les cancers sont en grande partie causés par des expositions professionnelles à des produits toxiques.
Les inégalités sociales face au cancer, mais c’est vrai d’autres maladies, sont liées aux places occupées dans la division sociale du travail, dans l’appareil de production. Les ouvriers sont les premiers concernés et ils sont exposés à plusieurs produits cancérogènes au fil de leur carrière professionnelle. Dans tous les cas, ce sont des expositions imposées.
Les facteurs de risques dépendent aussi de l’endroit où l’on habite. Car ce qui est réglementé ou interdit de ce côté ci de la planète est parfois autorisé ailleurs….
Oui, hélas. C’est ce que l’on appelle le « double standard »…. Et sur cette question, on peut citer l’exemple de l’amiante. Quand les mobilisations ont commencé, les industriels ont tout de suite menacé d’aller exploiter l’amiante ailleurs. Dès la fin des années 1960, Eternit et Saint-Gobain, qui sont deux firmes européennes, ont été ouvrir la plus grande mine d’amiante du monde, au Brésil, pays qui jusqu’alors n’avait pratiquement jamais utilisé l’amiante.
On avait cette justification très cynique des industriels qui disaient que, de toute façon, l’espérance de vie était telle dans ces pays, que les ouvriers exposés à l’amiante allaient mourir d’autre chose que d’un…
La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: Nolwenn Weiler