Il faut s'attendre à des vagues de chaleur « hors du commun » partout dans le monde — Lorène LAVOCAT

Après que l’Amérique du Nord s’est embrasée sous un dôme de chaleur inédit, le Maghreb et bientôt l’Espagne suffoquent. Dans le Sahara algérien, à Béni Abbès, il a fait 48,6 °C le 1er juillet, puis 48,7 °C le 2 juillet. Des vagues caniculaires ont également balayé la Russie, le Pakistan ou l’Inde. Autant de tristes records auraient-ils été battus dans un monde moins carboné ? Non, répondent sans hésitation les scientifiques du World Weather Attribution (WWA) (1).

Il leur aura fallu moins d’une semaine pour le prouver, statistiques et modèles à l’appui. « Les records de température observés au Canada et aux États-Unis auraient été presque impossibles sans le changement climatique », ont conclu les chercheurs, mercredi 7 juillet. Reporterre revient en détail sur l’état des connaissances actuel quant aux liens entre dérèglement du climat et chaleur extrême.

1. Quel rôle joue le changement climatique dans les vagues de chaleur ?

« Les vagues de chaleur augmentent en intensité et en fréquence, à cause du dérèglement climatique, dit à Reporterre Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace et coauteur de l’analyse du WWA. Il n’y a aucun doute là-dessus. » Plus précisément, dans le cas de l’épisode ouest-américain, « le changement climatique d’origine humaine a rendu cette vague de chaleur 150 fois plus probable », ont calculé les chercheurs. À l’inverse, sans gaz à effet de serre additionnel dans notre atmosphère, de tels pics ne se produisent qu’une fois tous les mille ans. Voilà pour la fréquence.

Côté intensité, « ces canicules se sont réchauffées de 4 °C depuis le début du XXe siècle », expliquait M. Vautard dès 2019. Ainsi, précisait-il, « on assiste à un décrochage entre, d’un côté, la température moyenne de l’atmosphère, qui a augmenté de 1,5 °C en cent ans, et celle des événements extrêmes, dont l’augmentation est beaucoup plus forte et plus imprévisible ».

De fait, les chercheurs ont été particulièrement surpris par les records atteints dans l’ouest de l’Amérique du Nord la semaine dernière : même les modèles climatiques les plus avancés n’avaient pas « prévu » une hausse du mercure de cette amplitude. « De tels niveaux de chaleur dans cette région sont tout simplement extraordinaires, a déclaré Geert Jan van Oldenborgh, membre du WWA et de l’Institut royal météorologique des Pays-Bas, lors d’une conférence de presse le 7 juillet. Cela soulève de sérieuses questions quant…

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Auteur: Lorène LAVOCAT Le grand soir