Il faut sortir du capitalisme

“Le pré d’à côté” est la rubrique des invité·es de la Mule. Aujourd’hui, une analyse politique de Gilles Rotillon, professeur émérite de sciences économiques à l’université Paris Ouest et membre des économistes atterrés, sur ce lien étroit entre le capitalisme et l’épuisement de la nature.

L’arrêt de la production pendant deux mois a conduit à une crise économique, qui va se traduire à la fois par des faillites d’entreprises, du chômage et des pertes importantes de revenu pour des millions de salariés dans le monde. Il est donc tout à fait normal de se poser la question d’une relance de la machine économique, mais il serait aussi normal de se poser la question de ce qu’il convient de relancer. Et la réponse dépend crucialement de l’analyse que l’on fait des causes de la crise actuelle.

Pour schématiser, si on ne voit dans l’apparition du virus qu’un événement fortuit, certes déstabilisant, mais sans grand rapport avec le système économique tel qu’il fonctionnait pour le mieux avant son apparition, il convient d’y revenir le plus vite possible. Si, au contraire, on fait un lien étroit entre ce fonctionnement économique, reposant sur l’épuisement de la nature et des êtres humains, et l’apparition d’un virus, conséquence de cet épuisement, c’est évidemment ce mode de fonctionnement qu’il faut remettre en cause. Sinon, nous connaîtrons à plus ou moins brève échéance des crises de même nature, voire encore plus graves.

La réalité du réchauffement climatique, dont nous n’avons pour l’instant subi que des effets marginaux, justifiant finalement notre incapacité collective à y répondre en faisant baisser les émissions de gaz à effet de serre, est un des signaux qui devraient nous alerter sur le risque que nous prenons en continuant à produire et à consommer sans limites. La perte de biodiversité, due en grande partie à la déforestation et à l’agriculture intensive chassent les espèces sauvages de leurs écosystèmes et conduit à l’apparition de zoonoses. Sras, H1N1, Ebola, autant d’alertes dans les vingt dernières années qui auraient dû nous faire renforcer nos systèmes publics de santé et la recherche sur ces nouveaux virus, pour nous préparer à de futures crises. C’est l’inverse qui a été décidé par les gouvernements au pouvoir, conduisant à la crise actuelle.

Revenir au fonctionnement d’avant la crise, en privilégiant le court terme et la rentabilité financière, c’est le meilleur moyen de faire face dans l’avenir à des…

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Auteur: Le pré d’à côté