« Il m'attendait » : récits de rencontres avec de grands prédateurs

Bon an mal an, les grands prédateurs se réinstallent dans les montagnes françaises. Loups, ours et lynx cohabitent aujourd’hui avec les humains sur les espaces de moyenne ou de haute montagne. Si les médias se font l’écho des conflits que cette cohabitation peut susciter, peu d’histoires rendent compte de la vie quotidienne entre ces différents habitants des montagnes, et notamment du moment particulier de la rencontre. Une rencontre toujours furtive et inattendue, souvent inquiétante et émerveillée. Les témoignages qui suivent, recueillis par Reporterre, ne disent pas si la présence des grands prédateurs est ou n’est pas une bonne chose. Ils racontent une rencontre avec des animaux sauvages qui transforme la perception que ces personnes ont de leurs lieux de vie et de travail.

« J’ai remarqué qu’il manquait une petite agnelle, une que j’avais repérée car elle était un peu maigre. En voyant quinze vautours qui volent au-dessus du parc de nuit, je me dis que le cadavre est là. Je décide d’aller voir sans les chiens de protection et sans mon chien de berger. Je pense que c’est important car sinon je ne l’aurai pas vu. J’y vais en vélo et je tombe nez à nez avec le loup. » Kevin Mouëzant garde 400 brebis dans une vallée boisée du Diois, dans la Drôme. « Ma première réaction, ça a été d’être surpris et ému pendant une seconde ou deux. Puis j’ai eu peur parce que le loup ne m’a pas regardé dans les yeux. J’ai cru qu’il ne m’avait pas vu. Je me suis demandé comment il allait réagir. La rencontre a duré trente secondes, il était à vingt mètres. Pour sortir du parc de nuit, il devait passer devant moi. Il est venu vers moi en trottinant, en m’ignorant. J’ai eu le temps de vivre la peur pour moi, puis de prendre des photos », raconte le berger de 29 ans. « Le loup est parti le long de la piste. Je suis allé chercher le cadavre de la brebis et je ne l’ai pas trouvé. J’ai eu un peu peur car l’éleveur m’avait dit qu’il y avait des meutes, c’est un endroit très boisé, je ne voyais rien. J’ai décidé de partir et, en remontant, je l’ai croisé. Il m’attendait le long de la piste forestière murée par des bois, et il s’est enfui dans les bois quand je suis arrivé à sa hauteur. »

« J’ai senti son odeur, une odeur forte, âcre »

Pierre Boutonnet est venu s’installer il y a sept ans à Villanueva de Santo Adrianno dans les Asturies, une zone de moyenne montage au nord-ouest de l’Espagne, pour vivre du tourisme lié à la présence de…

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Auteur: Magali Reinert Reporterre