« Il neigeait des cendres » : le débat sur l'écobuage s'enflamme en Lozère

Le Pont-de-Montvert-Sud-Mont-Lozère (Lozère), reportage

En ce début février, une odeur de brûlé plane sur le mont Lozère. Une forêt de chênes borde la départementale entre le Pont-de-Monvert et Florac. Le sol est devenu noir, ainsi que les mousses et lichens qui recouvraient les rochers. Les écorces des arbres sont calcinées sur le premier mètre. Le sol s’effrite, les pas soulèvent une poussière de cendres.

Le feu devait simplement éliminer genêts et fougères sur des pâturages voisins. Mais il a filé vers cette forêt. « Pendant plusieurs jours, il neigeait des cendres. Et le 27 janvier, il fallait mettre les phares à midi pour circuler sur la départementale », raconte Cathy, habitante du Pont-de-Monvert. « Les enfants n’ont pas pu sortir à l’heure de la récréation », renchérit son compagnon Philippe, grand-père. « Je suis fille de paysan, mon père faisait brûler. Mais pas autant, là cela fait plusieurs jours que l’on respire de la fumée », proteste Cathy. Une inquiétude légitime : dans les Pyrénées, où des écobuages similaires sont pratiqués, l’organisme de surveillance de la qualité de l’air a observé des pics de pollution liés à cette pratique.

Chesnaie ancienne sur la D998 entre Pont-de-Montvert et Florac. © Marie Astier/Reporterre

La riveraine a écrit à la préfecture et à la mairie une lettre pour alerter sur cette pollution de l’air et s’inquiéter des conséquences sur la biodiversité, en plein cœur de parc national des Cévennes. Vingt-cinq habitants ont signé avec elle.

Chaque hiver, le paysage du parc national des Cévennes est ponctué de panaches de fumée, marque des « écobuages » : les agriculteurs brûlent les arbustes et les broussailles qui envahissent leurs pâturages, en particulier ceux plus pentus ou caillouteux, inaccessibles aux tracteurs et aux broyeurs de végétaux. La pratique doit permettre à l’herbe verte, appréciée des ruminants, de pousser à la place d’autres plantes moins appétissantes. Mais cette année, les colonnes de fumée sont particulièrement nombreuses. Les reliefs encadrant le village du Pont-de-Montvert sont ponctués de tâches des nombreux brûlis. Le froid sec et le ciel bleu ont créé des conditions favorables. Les éleveurs ont donc saisi l’occasion, car certaines années la neige recouvre les prairies et il est alors quasiment impossible de brûler.

Chesnaie ancienne sur la D998 entre Pont-de-Montvert et Florac. © Marie Astier/Reporterre

Sauf que beaucoup de feux ont été mal maîtrisés, et ont…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre