Il n'est jamais trop tard pour goûter à la joie militante

Sur leurs lieux de travail, je sais que beaucoup de militant·es tentent de convaincre leurs collègues. Lorsqu’ils et elles échouent, c’est la colère qui s’exprime. Elle est tout à fait légitime et je la partage. J’ai même versé quelques larmes de désarroi à l’idée qu’en cette période décisive, l’inertie du plus grand nombre mène, dans certains secteurs, à continuer comme si de rien n’était et de manière tout à fait absurde au regard des enjeux du moment.

Mais l’honnêteté me force à avouer que si cette mobilisation avait eu lieu à une autre période de ma vie, la force des arguments et son ampleur n’auraient pas suffi à me convaincre d’y prendre part. J’ai été si bonne élève et si préoccupée des conséquences que pourraient avoir mes actions que j’ai été en cours malgré les blocages. Et je l’ai fait quand bien même je partageais les arguments de celles et ceux qui se jetaient à corps perdu dans la contestation.

J’ai été de celles et de ceux qui font face à la colère des personnes mobilisées et enragent de ne pas être rejointes et qui en ressentent peut-être un peu de culpabilité mais jamais assez pour sauter le pas. Si rien n’avait changé, je serais de celles qui craignent de ne pas réussir leurs examens ou de perdre une ou plusieurs journées de salaire, de faire face à la colère des usager·es ou de les pénaliser.

Pourquoi cette peur ne m’habite-t-elle plus ? Je n’ai pas changé d’avis puisque j’étais déjà pleinement insatisfaite des politiques menées par le gouvernement (qui n’était pas macroniste à l’époque). Ce qui a changé, c’est que j’ai fait l’expérience de la mobilisation et qu’elle m’a transformée. J’ai été en manifestation, parce que les enseignant·es elles et eux-mêmes étaient en grève et que je ne manquais pas de cours. J’y suis retournée sans me déclarer gréviste (sur mon temps de pause ou sur mes congés). En somme, je me suis d’abord impliquée de manière la moins coûteuse possible d’un point de vue individuel.

Durant ces manifestations, j’ai fait une première expérience de la joie : joie de faire effraction, aux côtés de milliers de personnes, dans le cours habituel des choses, joie d’entonner en cœur des slogans ou des chants de lutte. Puis, j’ai rejoint des associations luttant pour des causes que je crois justes. Et j’y ai découvert la beauté des relations humaines qui se nouent quasi instantanément. En dépit des imaginaires autour du travail militant, personne ne vous demande de…

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Auteur: Attac France