“Il n’y a rien à attendre du corps enseignant”

“Vos Frustrations” est une rubrique destinée à permettre l’expression de points de vue, de témoignages, de coups de gueule de personnes qui vivent une injustice dont ils souhaitent faire part à nos lectrices et nos lecteurs. Cette semaine, Arnaud Dolidier, professeur en collège REP, raconte ce qui l’a amené à un jugement sévère sur le corps enseignant.

Mon expérience de prof depuis six ans dans un collège REP d’environ 900 élèves, au cœur d’un quartier populaire d’une ville moyenne de l’Yonne, m’a conduit a porté un jugement sans appel sur le corps enseignant. Peu présent dans les luttes, baigné dans un esprit corporatiste, une majorité de collègues conjuguent des pratiques paternalistes teintées de mépris de classe à des affects autoritaires, racistes et sexistes. Déterminés par la structure du système institutionnel, ces pratiques ne sont ni pensées ni questionnées. Les revendications sur le manque de moyens, dès lors qu’elles s’expriment, ne s’accompagnent pas d’une remise en cause du dispositif disciplinaire de l’école. La structure éducative, élitiste et classiste, implique pour les professeurs de s’adapter au quotidien à des mesures absurdes et réactionnaires, dénoncées cependant par quelques collègues. Je ne suis pas le seul prof à penser en effet que pour poursuivre dans ce métier, il est nécessaire de “composer avec le matériau existant”, c’est-à-dire avec les élèves ; partir de leurs affects et de leurs personnalités, tout en résistant aux sirènes de l’autoritarisme. Et c’est bien là le problème : une majorité de collègues se considèrent comme les dépositaires d’une mission sacrée : la réussite de leurs élèves, et appréhendent l’autorité comme le corollaire indispensable à cette réussite. Par ailleurs, en six ans dans le même établissement, j’ai pu observer que l’enseignement, fondé sur un rapport de pouvoir, s’accommode très…

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Auteur: Arnaud Dolidier