Il y a 15 ans, la Commune de Oaxaca

Nous sommes à Oaxaca, en 2006. Douze ans ont passé depuis l’insurrection zapatiste du 1er janvier 1994, jour où les insurgées de l’EZLN, (dont une délégation vient de débarquer dans le port de Vigo, en Galice), ont pris le contrôle de cinq des principales villes du Chiapas. Le Parti d’Action Nationale (PAN), de droite, a pris le pouvoir en 2000, après 70 ans de pouvoir du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), peut-être révolutionnaire à ses débuts mais qui a eu tout le temps, au fil des décennies, de devenir un parti d’État aussi conservateur et néolibéral que son rival. Le Mexique est un État fédéral, les États-Unis du Mexique, comme on l’appelle. Et Oaxaca est l’un de ses États les plus pauvres et les plus marginalisés.

Le 22 mai 2006, à Oaxaca de Juárez, la capitale qui tient son nom de l’ancien président Benito Juárez, originaire des montagnes du nord d’Oaxaca, les enseignants affluent de tout l’État avec leurs familles et débutent une occupation du zócalo, la place centrale. Ils réclament une augmentation de leurs salaires, qui s’élevaient à l’époque à 120 dollars par mois, car le poids du tourisme entraîne une hausse du coût de la vie. Et ils s’opposent à la privatisation de l’éducation, symbolisée par la visite du président dans la ville pour inaugurer une université privée. Martina, 85 ans, résidente de Oaxaca, se souvient de cette époque. « 70 000 enseignants sont arrivés, ils ont dressé des campements dans tout le centre, les rues étaient bloquées par des barricades, il y avait des grandes manifestations avec des centaines de milliers de personnes ».

Les semaines passent et la mobilisation se poursuit, tandis que le gouvernement reste sourd aux revendications des enseignants. Le 14 juin, le gouverneur de l’Etat de Oaxaca, Ulises Ruiz Ortiz, ordonne l’évacuation du centre ville occupé. « Les gaz lacrymogènes ont inondé le centre, ils étaient lancés depuis des hélicoptères, ils entraient dans les maisons, les écoles. Mais les enseignants ont réussi à acculer les policiers, ils les ont surpassés et finalement ils ont dû battre en retraite ». La bataille du 14 juin marque un tournant dans le mouvement social. Tandis que la solidarité et le soutien d’une majorité de la société civile vient élargir la base du mouvement insurrectionnel, la répression, le siège ordonné par les autorités, les tirs à balles réelles, delégitiment le gouverneur, déjà fragilisé par des accusations de fraude électorale.

Le jour…

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Auteur: lundimatin