« Il y a quand même dans la rue des gens qui passent », salut et fraternité selon Bober

Il y a quand même dans la rue des gens qui passent

de Robert Bober

POL, 288 p., 23 €

Bien que ce ne fût pas sa profession que d’écrire, signale Robert Bober à la fin de son livre, il s’y attela comme pour ses précédents métiers – tailleur, assistant sur les films de Truffaut, réalisateur : « En les faisant. » C’est exactement ce qui était arrivé à son maître et ami Pierre Dumayet (1923-2011), qui avait appris la radio en la pratiquant au Club d’essai animé, après la Libération, par le poète Jean Tardieu.

Robert Bober a hérité de cette fantaisie studieuse, tout en la tempérant d’un voile longtemps indéfinissable mais que Dumayet avait su saisir : l’ombre portée de ce que la France n’appelait pas encore la Shoah. À bientôt 92 ans – il est né le 17 novembre 1931 et le jour même de ses 80 ans, Pierre Dumayet s’éteignit –, Robert Bober reprend le fil de sa conversation menée avec l’ami disparu, entamée avec Par instant, la vie n’est pas sûre (lire La Croix du 16 décembre 2020).

Dans cette nouvelle lettre au titre à nouveau délicieux et cette fois distrait d’un poème de Pierre Reverdy, Il y a quand même dans la rue des gens qui passent, Bober décrit le monde tel qu’il va, au miroir de ce qu’il fut. Et ce, avec la bénédiction d’Aragon dûment cité : « Ce livre ne ressemble à rien qu’à son propre désordre. » Le tout est néanmoins agencé, à sauts et à gambades ; au fil de la mémoire surgissant ou convoquée, des aléas du temps qui passe, des sanglots retenus.

Un récit teinté de nostalgie

La forme d’une ville s’avère l’un des leitmotive : de la Butte-aux-cailles de son enfance à feu la rue Vilin qui abrita le petit Georges Perec et que Robert Bober ressuscita, au moyen de centaines de photographie, dans un documentaire magistral d’humilité empathique et de ténacité prométhéenne : En remontant la rue Vilin (1992).

Faire résonner l’absence, reverdir les…

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Auteur: Antoine Perraud