« Il y a urgence » : à Paris, 150 paysans dénoncent une PAC qui détruit leurs emplois

Paris, reportage

« Denormandie, l’agro-industrie te dit merci ! » Ce jeudi 27 mai, à 11 h 40, près de 150 paysannes et paysans ont fait irruption dans le hall de la direction générale de Pôle emploi, à Paris. Les activistes ont fait tintinnabuler des sonnailles, tandis qu’ils installaient une grande banderole « Une PAC pour l’emploi » sur la façade du bâtiment. Selon eux, la Politique agricole commune (PAC) détruit plus d’emplois paysans qu’elle n’en crée. Cette action, organisée par la Confédération paysanne, visait à dénoncer les premiers arbitrages rendus le 21 mai par le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, concernant l’écriture du futur plan stratégique national (PSN) de la PAC.

Les militants ont bloqué l’avenue du Docteur Gley, dans le 20e arrondissement, en érigeant des barricades composées de bottes de paille, de palettes en bois et de poubelles. Des paysannes et paysans se sont attachés avec des arm-locks — bras verrouillés, en français, des tubes dans lesquels les militants peuvent s’attacher — pour retarder une éventuelle expulsion par les forces de l’ordre.

Une délégation de paysans a pu être reçue par la direction de Pôle emploi, qui s’est dans un premier temps montrée incrédule face aux demandes des militants, avant de « s’engager à transmettre les revendications au cabinet d’Emmanuel Macron », a affirmé à Reporterre l’un des membres de la délégation. Dans l’après-midi, Paul Delduc, conseiller énergie, environnement, transports et agriculture à l’Élysée, a proposé un rendez-vous à la Confédération paysanne dès la semaine prochaine.

Les militants devant la direction générale de Pôle emploi. © Anna Kurth/Reporterre

« Nous sommes profondément déçus des décisions du gouvernement qui nous orientent vers une stabilité de la PAC, qui a pourtant fait d’énormes dégâts en encourageant une alimentation industrialisée et standardisée, qui a détruit l’emploi paysan [avec la perte continue de 10 000 à 15 000 paysans par an, écrit la Confédération paysanne dans une lettre à Emmanuel Macron], et est insoutenable pour l’environnement », a tempêté au micro Nicolas Girod, le porte-parole de la Confédération paysanne. Il a notamment regretté que le texte actuel ne comporte pas de plafonnement ou de dégressivité des aides ni de revalorisation du paiement redistributif sur les cinquante-deux premiers hectares, « ce qui favorise les grosses exploitations, celles qui se gavent ».

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre), Anna Kurth Reporterre